"Je vais frapper à chaque porte" : comment un étudiant franco-afghan installé à Paris aide ses compatriotes à fuir les talibans
Depuis une épicerie du 10e arrondissement de Paris, Nassrola Youssfi reçoit des centaines de messages d'afghans, comptant sur cet étudiant en droit pour obtenir le statut de réfugié et fuir leur pays, avant l'ultimatum du 31 août.
"Mon ami, mon frère, je te demande de bien vouloir me faire sortir du pays." Des messages comme celui-ci, Nassrola Youssfi en a reçu plusieurs centaines en quelques jours, alors que le temps presse. Les troupes étrangères doivent définitivement quitter le pays le 31 août, date butoir des ultimes évacuations autorisées par les talibans, qui ont pris le pouvoir en Afghanistan.
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Cet étudiant franco-afghan en droit, interprète et habitant à Paris, tente d'aider à distance ses compatriotes à fuir le pays et à obtenir le statut de réfugié en France. Depuis la petite épicerie d'un de ses amis, dans le 10e arrondissement, Nassrola Youssfi passe tout son temps libre à répondre aux messages, à voir des familles. Beaucoup viennent le voir pour faire traduire des documents, en espérant pouvoir faire sortir leurs proches d'Afghanistan. "Je ne peux pas leur dire non, je leur dis que je vais voir. Et je vais frapper à chaque porte", raconte-t-il.
"Je vais voir des associations, les organisations humanitaires. Je ne m'arrête pas, je vais jusqu'au bout. Et j'espère qu'un jour ou l'autre, j'y arriverai."
Nassrola Youssfi, étudiant franco-afghan, interprèteà franceinfo
Un refuge, pour ne pas trop penser à Kaboul
Dans la petite épicerie de son ami, on distingue tout de suite ceux qui viennent pour une course de dépannage, et les autres, aux traits tendus. La famille de Kassim est en Afghanistan. "Ma petite soeur m'appelle en pleurant, me disant qu'elle est choquée, qu'elle a peur en voyant les talibans dans la rue", décrit-il.
Le jeune homme aime venir dans cette épicerie, qui prend en ce moment des airs de café. On y boit un thé, on y échange ses inquiétudes. Depuis la prise de pouvoir des talibans à Kaboul, dimanche 15 août, Kassim ne dort plus. Il dit "se sentir bien quand il rencontre les amis ici" et ne pas avoir envie de rentrer chez lui après ses journées de travail. "Quand je rentre, je réfléchis, je pense à ce qu'il se passe là-bas, ça me fait mal", explique-t-il.
Comme beaucoup de ceux qui passent par la permanence de Nassrola Youssfi, Kassim a entamé des démarches pour faire venir sa famille en France. Pour l'instant, il n'a reçu aucune réponse.
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