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Pèlerinage à La Mecque: Ryad octroie le plus important quota à l'Indonésie
L’Indonésie, qui compte la plus vaste population musulmane au monde, jouit du quota le plus important de fidèles admis à La Mecque. Insuffisant néanmoins pour satisfaire tous les musulmans indonésiens qui sont nombreux à devoir s’inscrire sur une liste d’attente. Certains patientent plusieurs années avant de pouvoir participer à ce grand pèlerinage annuel.
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L’Arabie Saoudite délivre chaque année des quotas par pays pour l’envoi de pèlerins à La Mecque. Quelque 168.000 musulmans indonésiens en ont bénéficié en 2015, alors que l'Archipel compte environ 2,4 millions de candidats inscrits sur une liste d’attente depuis 2004.
Cette liste présente un intérêt financier pour les autorités du pays. Le total des dépôts financiers de ces candidats s’élève à près de 5,2 milliards d’euros, indique Courrier international. Mais, souligne le journal, avec un taux d'intérêts en vigueur de 4%, ces acomptes totalisent plus de 185 millions d’euros par an.
Ces sommes restent fréquemment bloquées pendant plusieurs années sur les comptes bancaires du ministère indonésien des Religions, favorisant la corruption et les abus au plus haut niveau de l'Etat. Des mouvements suspects réservés au pèlerinage ont été découverts par le Centre de rapport et d’analyse des transactions financières, rapportait Courrier International, en 2014.
“Sebagai tersangka saya terhempas, saya terhina," kata Suryadharma Ali di pengadilan. http://t.co/EhhnBob4ol pic.twitter.com/OaNNBJPWYm
— Rappler IDN Times (@rappleridntimes) September 21, 2015
Ni l’escroquerie à laquelle s'est livré l'ex- ministre indonésien des Religions, Kata Suryadharma, avant le hadj, ni la chute d’une grue sur la Grande mosquée de la Mecque, le 11 septembre 2015, qui a tué 107 pèlerins dont 7 Indonésiens, n’ont dissuadé ces croyants musulmans d’accomplir leur pèlerinage vers la ville sainte.
L’accident de la Mecque vu par une caméra de la Mosquée Sacrée. Innâ lillahi wa innâ ilayhi râdji-oûn https://t.co/cp5ZqtPOSR via @YouTube
— Cheikh Boureima A.D (@Cheikh_Boureima) September 16, 2015
«Bien qu'éloignés géographiquement du centre vital de l'islam et bien que convertis relativement tardivement (XIVe siècle environ), nombre d'Indonésiens, respectueux des cinq piliers de l'islam, font du pèlerinage le but de leur vie, et ce, depuis au moins deux siècles», rappelle Laurence Husson dans Les cahiers de l’Islam.
Baisse de 20% des quotas de pèlerins étrangers
En 2013, les autorités saoudiennes ont appliqué une baisse de 20% des quotas annuels de croyants étrangers autorisés à faire le pèlerinage à La Mecque et fixé à 50% le taux des ressortissants saoudiens. Outre pour faciliter les travaux d'agrandissement de la Grande mosquée et l'amélioration des infrastructures, cette mesure a également l'objectif moins avouable de répondre à une menace sanitaire: le risque d'épidémie du Coronavirus MERS, apparu dans la région en 2012.
Quelque 80% des pèlerins internationaux font partie de délégations officielles du hadj de leur pays. Les 20% restants passent par des agences touristiques. Chacun des pèlerins étrangers dépense en moyenne 4.600 et 5.000 dollars pendant la période du hadj, selon Maher Jamal, président de la Chambre de commerce et d’industrie de La Mecque.
L'ambition d'arriver à 2,2 millions de visiteurs
En 2014, quelque deux millions de fidèles ont rejoint le premier lieu saint de l’islam, situé dans l’ouest de l’Arabie Saoudite. Le 22 septembre 2015, premier jour d’un des plus grands rassemblements religieux au monde, déjà 1,4 millions de pèlerins étaient arrivés de l'étranger auxquels doivent se joindre des centaines de milliers de Saoudiens et de résidents du Royaume.
Pour faciliter les mouvements de foule, l’Arabie Saoudite a investi des milliards de dollars et compte agrandir la Grande mosquée de 400.000 m², l'équivalent de 50 terrains de football, avec l'ambition d'accueillir 2,2 millions de fidèles. En janvier 2006, 364 pèlerins piétinés avaient trouvé la mort lors d’un mouvement de panique et 251 deux ans plus tôt. En juillet 1990, un mouvement de panique dans le tunnel Al-Maaisim a causé la mort de quelque 1.426 pèlerins dont 631 Indonésiens.
Le quotidien indonésien Koran Tempo, cité par Courrier international, soulignait après la chute de la grue, que l'Arabie Saoudite profitait du fait que les pèlerins n'osent jamais se plaindre. Le journal a notamment reproché à Ryad un «business du hadj qui rapporte plus de 100 trillions de roupes par an».
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