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Nigeria : "Bring Back Our Girls", six mois après

Le Nigéria accueille ce lundi Laurent Fabius et son homologue allemand, Frank-Walter Steinmeier. Au cœur de ce déplacement, les enlèvements de Boko Haram. Plongée ce matin au cœur du mouvement "Bring Back Our Girls".
Article rédigé par Benjamin Illy
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (Oby Ezekwesili, la fondatrice du mouvement "Bring back our girls" © RF/ Benjamin Illy)

 A Abuja, pour comprendre à quel point le sort des jeunes filles enlevées par Boko Haram, suscite encore l’indignation, il suffit d’allumer la radio. Sur Cool FM, radio nationale nigériane, depuis plus de 6 mois, les auditeurs peuvent entendre quotidiennement ces messages de soutiens. Et le décompte des jours de captivité. Une volonté de toute l’équipe emmenée par son directeur d’antenne, Uchi Victor Waneri : " J’ai une fille. Ma fille a seize ans. Et  j’imagine parfois  que c’est elle  qui se trouve quelque part avec ces brutes. Cette idée  m’empêche de dormir.  Je pense à ces filles, jeunes et vulnérables,  ces petites filles qui sont  je ne sais où."  

Nigeria : "Bring Back Our Girls", six mois après - reportage Benjamin Illy

"Ramenez nos filles maintenant ! Et en vie ", un slogan scandé devant Unity Fountain, à deux pas du quartier des ministères à Abuja. C’est là que les militants se donnent rendez-vous, chaque jour depuis le 30 avril pour faire le point sur la situation mais surtout pour se serrer les coudes, pour garder la foi dans leur combat et soutenir les familles.  Keki Mutah, 54 ans, a deux de ses nièces aux mains de Boko Haram : "Cela fait plus de six mois maintenant. On s’approche des sept mois. Nous sommes dévastés. La seule chose qui me maintienne en vie c’est "Bring Back Our Girls". Voilà pourquoi, nous, les parents, les personnes directement touchées, nous sommes toujours avec eux, car sans eux maintenant, on ne saurait rien ! Depuis qu’il y a eu les enlèvements,  les forces de sécurité accumulent mensonges sur mensonges.  Ils nous disent qu'ils savent où sont les filles, sans le savoir vraiment...et puis finalement après un certain temps, ils disent qu’ils ne savent plus ! Bring Back Our Girls, c’est notre seule source d’espoir. parce que les autorités refusent de nous en donner."

"Vous saviez que la chanteuse Alicia Keys nous avait rejoints ?"

"Bring Back Our Girls" donne de l’espoir aux familles. Mais  ce jour-là devant Unity Fountain, ils ne sont qu’une trentaine. Finies les grandes foules du mois d’avril, au lendemain des enlèvements. Faut-il y voir un essoufflement du mouvement ? Pas du tout répond Bukki Shonibarre, l’une des porte-parole de Bring Back Our Girls, à Abuja. "Nous sommes moins nombreux, mais notre message est de plus en plus fort.  Plus fort dans le sens où beaucoup de partenaires internationaux nous rejoignent. Ils veulent s’aligner avec nous, unir leurs forces avec les nôtres.  Par exemple, vous saviez que la chanteuse Alicia Keys nous avait rejoints récemment ? Et Malala Yousafzai est venu nous rendre visite au Nigeria."

"On a décidé d'être optimiste plutôt que pessimiste" 

Dans le quartier de Gudu, à la sortie d’Abuja, c’est l’heure de la messe avec ses chants gospels. Aux premiers rangs, il y a Oby Ezkewesili, une grande dame, ex-ministre de l’éducation du Nigéria, co-fondatrice de Transparency International  et fondatrice du mouvement "Bring Back Our Girls". C'est elle qui a prononcé la première  cette fameuse phrase lors d’un discours le 23 avril dernier.

 "Un jeune homme m’a vu à la télévision, et il a lancé cet appel : 'Tous le monde devrait dire Bring Back Our Girls'. J’ai retweeté son tweet  et tout le monde s’est mis a Tweeter Bring Back Our Girls." Puis les réseaux sociaux ont amplifié cet appel et des gens du monde entier se sont mis à soutenir ces jeunes filles.  Nous on veut y croire. On a décidé d’être optimiste plutôt que pessimiste. Parce qu’on veut vraiment que ces filles reviennent. Ça fait trop longtemps que ces jeunes femmes sont avec des sauvages. Nous on veut croire qu’elle seront bientôt de retour".

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