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De l’intifada des couteaux à la guerre civile entre Israéliens et Palestiniens

La multiplication des attaques au couteau contre des Israéliens et l’exécution par balles sur le champ des assaillants palestiniens, menacent de faire basculer les deux parties dans une guerre civile.Terrorisés par ces kamikazes à l’arme blanche, les Israéliens se ruent dans les armureries pour s’équiper. L’envoi du secrétaire d’Etat américain dans la région a peu de chance d’enrayer ce processus.
Article rédigé par Alain Chémali
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Un jeune Palestinien brandissant des couteaux lors d'affrontements avec l'armée israélienne à l'est de Bureij, à la frontière entre Israël et la bande de Gaza le 12 octobre 2015. (AFP PHOTO / MOHAMMED ABED)

Intifada ou pas intifada? Alors que nombre de responsables politiques et d’experts continuent de s’interroger sur la nature des affrontements en cours entre Palestiniens et Israéliens, la situation menace de sombrer dans un dérapage incontrôlé.
 
L’intifada des couteaux, une réalité de fait
Avec plus d’une quarantaine de morts, 35 Palestiniens et 7 Israéliens, et plusieurs dizaines de blessés de part et d’autre depuis le 1er octobre 2015, l’intifada des couteaux est devenue une réalité de fait.
 
Pas un jour ne se passe en Cisjordanie sans qu’une attaque au couteau ne soit perpétrée contre des civils ou des soldats israéliens. Une action qui s’apparente désormais à une attaque kamikaze à l’arme blanche puisque les assaillants sont le plus souvent abattus sur le champ.
 
Même si la première opération du genre a été revendiquée par le Jihad Islamique, un mouvement palestinien pro-iranien, nombreux sont ceux qui continuent de croire à des initiatives individuelles et spontanées dictées par l’exaspération et la désespérance.
 
L’absence de liberté et de perspectives a nourri le mécontentement
L’impasse des négociations de paix depuis 15 ans, l’absence de liberté et de perspectives pour les jeunes Palestiniens qui y avaient placé quelque espoir et les dernières remises en question du statu quo de l’esplanade des mosquées à Jérusalem, sous pression des juifs ultra-orthodoxes, ont en tout cas largement nourri le mécontentement en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.
 
L’appel du président Mahmoud Abbas à «une résistance populaire pacifiste» et la disposition «déclarée» de Benyamin Netanyahou à reprendre les pourparlers de paix, ne semblent pas trouver d’échos pour le moment sur le terrain.
 
Le bouclage de Jérusalem-Est et le renforcement du dispositif de sécurité israélien ne semblent pas, non plus, rassurer une population israélienne envahie par la peur.
 
Les civils israéliens se ruent dans les armureries
Face à des attaques à l’arme blanche imprévisibles et quasiment imparables, les Israéliens ont cédé à la panique. Selon l’Agence France Presse, les armureries de Tel Aviv sont littéralement prises d’assaut.
 
Les ventes de Smith & Wesson ou de Glock et Jéricho, son équivalent israélien, de munitions ou de bombes lacrymogènes sont quatre fois supérieures à la normale, selon un armurier. «La dernière fois qu’on a eu autant de monde, dit-il, c’était peut-être dans les années 70. Un tel stress et autant de panique, je n’ai jamais vu ça.»
 
Le glissement vers l’engrenage meurtrier d’une vendetta aveugle
L’augmentation dans les mêmes proportions des demandes de permis de port d’armes viennent également illustrer le glissement des esprits vers le réflexe d’autodéfense. Une mère de famille d’une colonie du sud de la Cisjordanie affirme qu’elle ne conduit plus sa voiture sans avoir son arme sur les jambes.
 
Sur fond de tension extrême qui menace de livrer les deux populations à l’engrenage meurtrier d’une vendetta aveugle, Washington a annoncé pour «très bientôt» un déplacement du secrétaire d’Etat américain John Kerry dans la région.
 
De son côté, le secrétaire général du Hezbollah libanais pro-iranien, Hassan Nasrallah, a réitéré son «soutien absolu aux droits des Palestiniens et à leur intifada».

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