Conflit Israël-Hamas : "Du personnel de MSF demande à quitter la bande de Gaza, c'est assez nouveau", témoigne la présidente de l'ONG
"L’offensive a repris dans la bande de Gaza avec une violence inouïe. Les victimes civiles sont très nombreuses", témoigne lundi 4 décembre sur franceinfo Isabelle Defourny, présidente de Médecins Sans Frontières (MSF). "C’est extrêmement brutal. Je ne peux pas vous dire combien de blessés sont arrivés à l'hôpital, mais les équipes ont décrit des afflux, des centaines de personnes blessées, des enfants qui sont arrivés à l'hôpital dimanche", précise-t-elle. L'ONG n'est plus en situation d'apporter des soins à la population. Médecins sans frontières (MSF) a pointé la responsabilité de l'armée israélienne dans les tirs qui ont fait deux morts le 18 novembre dernier à Gaza, contre un convoi de l'ONG qui tentait de fuir vers le sud du pays. "On ne voit plus de solution pour travailler. Aujourd'hui, on n'a pas encore pris la décision de partir. On réfléchit", a-t-elle expliqué sur franceinfo.
franceinfo. Quelle est la situation sur place ?
Isabelle Defourny. L’offensive a repris dans la bande de Gaza avec une violence inouïe. Les victimes civiles sont très nombreuses et tous les jours, l’espace pour travailler pour des humanitaires comme nous se réduit et est devenu quasiment inexistant. Notre équipe internationale de quinze personnes, chirurgiens, anesthésistes, a travaillé jusqu’hier soir dans l’hôpital de Nasser, dans le sud. Ils ont pris en charge afflux de blessés civils sur afflux de blessés. Ils ont dû quitter l’hôpital en raison de la violence de l'offensive et de nombreuses notifications à partir. Ils sont arrivés à al-Mawasi qui est sur la plage. Ils décrivent de très nombreux déplacés, une population terrorisée, exténuée et qui arrive dépourvue de tout. On a également une équipe qui est à l'hôpital al-Aqsa qui craint d'être coupée du Sud et ne plus être en mesure de travailler rapidement. La population reçoit de nombreuses notifications à se déplacer vers Rafah ou vers la plage. Mais comme l'offensive est en cours, il y a des mouvements de panique. La population ne sait pas où aller. Il n’y a rien aujourd'hui sur la plage pour prendre en charge la population.
Israël dit que la reprise de feu est très restreinte dans le Sud. Ce n'est pas ce que vous constatez ?
C’est extrêmement brutal. Je ne peux pas vous dire combien de blessés sont arrivés à l'hôpital, mais les équipes ont décrit des centaines de personnes blessées, des enfants qui sont arrivés à l'hôpital dimanche. Aujourd'hui les équipes ont quitté l’hôpital. On n'a plus d'idée claire de ce qu'il se passe à l'hôpital Nasser.
Allez-vous quitter Gaza ?
Aujourd'hui on n'a plus de solution, on se demande comment faire. On a une petite équipe qui travaille dans l'hôpital al-Aqsa, mais c'est extrêmement limité. Du personnel de Médecins sans frontières demande à quitter la bande de Gaza. C'est assez nouveau. En raison de l'offensive dans le Sud et de la panique. Aujourd'hui, on n'a pas encore pris la décision de partir. On réfléchit à ce que l'on va faire. Il faut un cessez-le-feu. C’est la seule possibilité de réussir à mettre en place des secours pour prendre en charge tous les blessés et pour la population de Gaza qui est déplacée. Aujourd'hui, c'est quasiment l'intégralité de la population de Gaza qui est déplacée. Le minimum à faire aujourd'hui en urgence, ce serait d'évacuer de Gaza ces milliers de blessés, de malades qui ont besoin de soins urgents.
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