Cet article date de plus de trois ans.

"Le gouvernement d'Israël a intérêt à ce que le Hamas reste au pouvoir", assure Elie Barnavi, ancien ambassadeur d'Israël en France

Elie Barnavi estime que la communauté internationale ne peut pas faire grand chose et espère que la mobilisation viendra des Etats voisins d'Israël. 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Elie Barnavi, le 20 janvier 2020.  (FRÉDÉRIC MÉTÉZEAU / ESP - REDA INTERNATIONALE)

"Le gouvernement d'Israël a intérêt à ce que le Hamas reste au pouvoir", a déclaré mercredi 12 mai sur franceinfo Elie Barnavi, ancien ambassadeur d'Israël en France alors que l'escalade militaire s'est poursuivie dans la nuit entre Israéliens et Palestiniens. "Traiter avec l'Autorité palestinienne et chercher une solution globale, cela a un prix territorial, idéologique et politique qu'Israël n'est pas prêt à payer", a-t-il expliqué.

franceinfo : Vous habitez à Tel-Aviv et vous vivez au rythme des alertes ?

Elie Barnavi : Depuis hier, plusieurs dizaines de roquettes sont tombées sur Tel-Aviv et sa banlieue, il y en a eu d'autres cette nuit. Ce n'est pas la première fois, mais c'est assez exceptionnel. L'aéroport Ben Gourion est à l'arrêt. La fermeture de cet aéroport international, qui est le seul lien d'Israël avec le monde extérieur, est un acte de guerre et une victoire stratégique pour le Hamas. Il y a déjà des offres de médiations, il y a des tentatives égyptiennes et onusiennes de mettre fin à cette escalade, mais pour l'instant, Israël dit "non". Je ne pense pas que cela va durer longtemps, mais nous sommes encore loin de la fin.

Que peut faire la communauté internationale ?

Pas grand-chose, mais les voisins d'Israël peuvent beaucoup. Il y a notamment les Egyptiens, qui sont très proches géographiquement, les Qataris, qui sont les patrons et financiers du Hamas et les Jordaniens qui sont directement impliqués à cause de Jérusalem, puisque c'est là-bas que tout a commencé. Pourquoi ces affrontements reprennent tous les deux ans ? Pour une raison très simple : il n'y a pas de solution à Gaza. Pour Israël, Gaza est un problème sans solution, la seule solution n'est pas à Gaza, elle est à Ramallah, en Cisjordanie. En fait le gouvernement d'Israël a intérêt à ce que le Hamas reste au pouvoir, il préfère le Hamas à l'anarchie, et même à l'Autorité palestinienne. Au lieu de traiter avec l'Autorité palestinienne pour essayer d'avoir une solution globale au problème palestinien, on préfère dédaigner l'Autorité palestinienne.

Il y a aussi une raison de politique interne israélienne, où il n'y a toujours pas de gouvernement stable. Benyamin Netanyahou a intérêt à ce que la situation en reste là ?

Il y a le côté politicien, mais il y a plus que cela. Traiter avec l'Autorité palestinienne et chercher une solution globale, cela a un prix territorial, idéologique et politique qu'Israël n'est pas prêt à payer. On colmate les brèches à chaque fois tous les deux ans, ça se calme et ça recommence. Il n'y a pas de solution avec Gaza seule pour la bonne raison qu'on ne peut pas négocier un traité de paix avec le Hamas.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.