La Palestine a retiré sa demande de sanction contre Israël au congrès de la FIFA
Pour le président suisse de la toute puissante organisation du football mondial, la demande palestinienne n'était pas simple à gérer. Jospeh Sepp Blatter a eu beau multiplier les prises de contact et les déplacements en Israël et dans les Territoires palestiniens, la demande palestinienne contre Israël figurait bien à l'ordre du jour du congrès de la FIFA à Zurich les 28 et 29 mai 2015. C'était le point 15.1 de l'ordre du jour sous l'intitulé «Proposition de la Fédération Palestinienne de Football de suspendre la Fédération Israélienne de Football».
Pour que la demande palestinienne soit validée par le Congrès, il aurait fallu que les trois quarts des 209 membres de la FIFA votent en sa faveur. Le fait est rare dans l'histoire de l'organisation. Jusqu’à présent, ces sanctions n’ont été appliquées qu'à de rares occasions : contre la Yougoslavie pendant la guerre civile et surtout contre l’Afrique du Sud de l’apartheid. Le Cameroun avait été suspendu en 2013 pour non-respect des statuts de la FIFA et la Fédération grecque est menacée.
Que veulent les Palestiniens?
Les plaintes de la Fédération palestinienne de football (membre de la FIFA depuis 1998) contre Israël concerne essentiellement les entraves que mettraient les Israéliens à la libre circulation des joueurs palestiniens. Autre grief, les instances du football israélien accueillent cinq équipes provenant de colonies, ce qui violerait les règles de la FIFA, et le football israélien ne lutterait pas contre les dérives racistes attribuées au club de Beitar de Jérusalem. M.Blatter a d'ailleurs admis que la situation de ces cinq clubs posait un «problème délicat» susceptible de relever des statuts de la FIFA.
Dans le cadre de l'occupation et du contrôle des frontières par Israël, le mouvement des joueurs palestiniens dépend du bon vouloir israélien.
Sur le terrain, les Palestiniens ont déconcé l'incarcarcération de joueurs de l'équipe nationale palestinienne, comme Mahmoud Sarsak, torturé et détenu pendant près de trois ans, avant que le président de la FIFA Sepp Blatter n'intervienne et contribue à sa libération.
La question du boycott d'Israël
Le dossier est loin d'être uniquement sportif. Il met en lumière la question de l’occupation israélienne des Territoires palestiniens et de ses implications sur la vie quotidienne. La demande du football palestinien s'inscrit dans une série de démarches de l'Autorité palestinienne auprès d'instances internationales. Elle est soutenue par tous les opposants (manifestations, pétitions) à la politique israélienne et s'ajoute à la campagne de boycott de l'Etat hébreu, intitulée «BDS» (Boycott, désinvestissement, sanctions).
Le précédent sud-africain
Les partisans d’une sanction contre Israël font le parallèle avec le boycott de l’Afrique du Sud à l’époque de l’apartheid. «Le boycott international des sports soumis à l’apartheid a été un des éléments décisifs qui ont mené à la chute du régime, ce qui pourrait réussir aussi dans le cas d’Israël », affirme le journaliste israélien, très opposé à la politique israélienne d’occupation des Territoires, Gidéon Levy, dans le journal Haaretz.
C'est en 1976 que la FIFA, réunie en congrès à Montréal, avait décidé l'expulsion de l'Afrique du Sud. «L’importance du boycott n’a pas été seulement économique, mais aussi morale. Par exemple, les Sud-Africains adorent le sport. Le boycott, qui a empêché leurs équipes de participer à des compétitions à l’étranger, leur a fait très mal. Mais le plus important a été que cela leur a donné le sentiment que nous n’étions pas seuls, que le monde entier était avec nous. Cela leur a donné la force de continuer», disait Desmond Tutu à propos de la l'impact de cette décision.
Blatter sur le terrain
Les Israéliens n'envisagent pas de se retrouver suspendus par la FIFA. Rotem Kamer, directeur général de l'Association israélienne de football, a expliqué dans The Guardian que son association n'avait pas le contrôle sur les questions de sécurité qui sont au cœur de la plainte palestinienne, ajoutant que c'était l'apanage du gouvernement et non des autorités de football.
«En ce moment, c'est mon défi numéro 1, mais c'est un défi délicat», avait reconnu Sepp Blatter, par ailleurs candidat à sa succession à la tête de la FIFA, avant son récent voyage en Israël et dans les Territoires palestiniens. Lors de sa rencontre le 20 mai 2015 avec Netanyahu, M.Blatter avait évoqué la possibilité d'un historique Israël-Palestine qui se disputerait à Zurich. Une idée qu'aurait validé M.Netanyahu, selon lui.
«Vous avez soulevé hier une très belle idée», a dit le chef de la fédération palestinienne. «C'est une idée que j'aime et que je soutiens, et j'aimerais que nous puissions le faire dès demain. Mais il faut préparer le terrain pour ça, il faut préparer l'environnement, et cela (ce match) ne peut arriver qu'en bout de course.»
En attendant, les Palestiniens avaient maintenu leur demande de sanctions contre Israël. Mais dans les couloirs du congrès de la FIFA, les Palestiniens en ont décidé autrement et ont retiré leur demande.
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