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Les Speed Sisters, pilotes de course palestiniennes à Ramallah

Article rédigé par Florencia Valdés Andino
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Depuis deux ans, de jeunes femmes enfilent combinaison et casque pour piloter leurs bolides en Palestine. C'est ainsi que chrétiennes et musulmanes s'affranchissent dans un milieu qui ne voit pas toujours leur passe-temps d'un très bon œil.

Ces jeunes filles de Ramallah ne sont pas comme on les imagine. Perchées sur des talons de plusieurs centimètres, un sac de créateur accroché au bras, elles sont coquettes à souhait.

Une fois qu'elles troquent les escarpins pour des chaussures de course, elles s'attaquent aux clichés en participant à des rallyes où elles battent parfois les hommes.

Il s'agit de la première équipe de courses féminine dans le Moyen Orient. Cinq jeunes femmes, musulmanes comme chrétiennes, défient l’autorité parentale et les coutumes macho du pays pour devenir des stars locales.


Interview des Speed Sisters

Bwana, novembre 2011

Elles n’hésitent pas à mettre les mains dans le cambouis; plusieurs réparations des machines de course sont à leur compte. La seule crainte : les check-points. Faire des rallyes à travers un territoire occupé depuis 45 ans, qui fourmille de militaires, n’est pas chose aisée. Leur terrain d’entraînement est désormais inutilisable. Pierres, balles en caoutchouc et canettes de gaz lacrymogène envahissent cet endroit.

Ce sont les restes d’un affrontement entre des manifestants et des militaires d’Israël. Les pistes professionnelles n’existent pas, elles doivent installer des obstacles improvisés dans la banlieue de Ramallah pour se préparer aux courses.

De miss à pilote
L’histoire commence en 2010.  Mona Ennab, 26 ans, est remarquée par la Fédération palestinienne de motocyclisme et automobilisme. Elle fait la course comme nulle autre dans les rues de la ville avec ses copains. 

La finaliste du concours Miss Palestine, en 2009, est invitée à participer à un stage avec d’autres femmes qui couraient déjà bien avant. Même si elles ont dû se battre bec et ongles pour y arriver, dans un monde où le sport est exclusivement masculin. Soutenues par le Consulat de Grande-Bretagne, c’est ainsi que les Speed Sisters sont nées.


Le consulat britannique fait venir des professionnels pour les entraîner

Malgré le contexte difficile, l’équipe est classée parmi les dix meilleures dans le naissant milieu des rallyes de la Cisjordanie. Fondatrice des Speed Sisters, elle est la pilote semi-professionnelle la plus célèbre de Palestine. 

«Nous nous sentons libres quand nous conduisons. C'est une façon d'échapper à notre quotidien», a expliqué le jeune femmes à plusieurs reprises. 

Elles s'inspirent toutes de Sunna, 36 ans, «la Reine de la piste». Elle est la toute première femme palestinienne à avoir osé faire la course automobile. 

Un autre atout : les Speed Sisters ne sont pas issues des milieux défavorisés, comme le raconte le photographe Joan Bardeletti dans un magnifique reportage qu’il leur a consacré. Betty, chrétienne blonde et pulpeuse, est fille de pilote et la mère de Nour tient le seul magasin de luxe de Ramallah, par exemple.

Des courses apolitiques ?
Aujourd’hui, elles sont à nouveau sous les feux des projecteurs grâce au documentaire Speed Sisters : racing in Palestine de la Canadienne, Amber Fares, réalisatrice et photographe. Elle est d’ailleurs en quête de dons pour finaliser sont projet.

Pour les Sisters, les courses n’ont rien de politique. Mais c’est tout de même une façon de se libérer des carcans de la société et porter haut les couleurs de la Palestine lors des compétitions.

Betty, chrétienne, est une des protagonistes d'un nouveau documentaire qui leur est consacré. (AFP / Abbas Momani)
Les Speed Sisters font chauffer les pneus depuis 2010. (AFP /Abbas Momani)
Les Speed Sisters sont aussi coquettes que professionnelles. (AFP / Abbas Momani)
Ces filles font partie des meilleurs pilotes palestiniens. (AFP / Abbas Momani)

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