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Plusieurs centaines de jeunes Haïtiens ont pris pour cible jeudi les soldats de l'ONU dans le centre de Port-au-Prince

Ces heurts ont eu lieu à Port-au-Prince lors d'une manifestation suscitée par l'épidémie de choléra.Après, qui a fait près de 1200 morts en Haïti, a atteint la République dominicaine et la Floride.
Article rédigé par France2.fr avec agences
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Population récupérant de l'eau à Port au Prince (AFP.H.retamal)

Ces heurts ont eu lieu à Port-au-Prince lors d'une manifestation suscitée par l'épidémie de choléra.

Après, qui a fait près de 1200 morts en Haïti, a atteint la République dominicaine et la Floride.

Flambée de violences à Port-au-Princes Des centaines de manifestants ont lancé jeudi des pierres contre des casques bleus dans la capitale haïtienne. Ces troubles sont nés de rumeurs, démenties rapidement par les Nations unies, selon lesquelles l'épidémie se serait propagée à partir des latrines d'un cantonnement de soldats népalais de la Minustah situées en bordure du fleuve Artibonite, principal foyer de l'épidémie dans le centre de l'île.

La police a fait usage de grenades lacrymogènes pour disperser la foule qui scandait "La Minustah [Mission de stabilisation des Nations unies en Haïti, NDLR] doit partir !" et "La Minustah a apporté le choléra à Haïti !"

Ces violences font suite à des incidents similaires à Cap-Haïtien (nord du pays), et Hinché (est).

A Cap-Haïtien, deuxième ville du pays, deux personnes au moins ont été tuées et des dizaines d'autres blessées lors de heurts entre des émeutiers et les casques bleus.

L'épidémie de choléra est la même que celle qui a fait irruption en Indonésie il y a 49 ans, rapportent jeudi des experts.

Des tests génétiques pratiqués sur des échantillons de la bactérie ont révélé des similitudes avec une autre bactérie, appuyant la thèse qu'une seule personne a fait entrer la maladie sur l'île, soulignent les scientifiques dans l'étude hebdomadaire des CDC consacrée à la mort et la maladie.

L'épidémie, qui survient après le tremblement de terre meurtrier du 12 janvier dernier, a fait 1186 morts au 16 novembre, selon le dernier bilan du ministère de la Santé vendredi. Le ministère faisait par ailleurs état de 19.646 hospitalisations depuis le début de l'épidémie à la mi-octobre.

A Port-au-Prince, la capitale, où se trouvent de nombreux camps de réfugiés du séisme du 12 janvier aux conditions d'hygiènes très insuffisantes, le nombre de décès est passé à 46, contre 38 dans le précédent bilan.

Une menace pour la région

Un ressortissant haïtien malade du choléra a été hospitalisé en République dominicaine, l'autre moitié de l'île d'Hispaniola. Un premier cas a également été signalé en Floride.

Une Américaine qui s'était récemment rendue en Haïti pour visiter de la famille a été contaminée. A son retour aux Etats-Unis, elle a dû être hospitalisée. Elle présentait les mêmes symptômes que les malades haïtiens. La patiente "a été soignée et se porte bien", a indiqué le ministère de la Santé de Floride.

Les autorités de Floride ont été sensibilisées à la nécessité de tester rapidement les personnes montrant des symptômes du choléra. Cet Etat compte 240.000 personnes nées en Haïti, qui retournent régulièrement dans le pays.

Pendant ce temps, à Haïti, le président René Préval a lancé un appel au calme après les affrontements.


Chez le voisin dominicain, depuis plusieurs semaines, le gouvernement a mis en oeuvre des mesures sévères pour prévenir le développement de cette maladie extrêmement contagieuse, renforçant sa présence militaire à la frontière afin de limiter l'entrée des Haïtiens ainsi que les échanges commerciaux avec le pays voisin.

Appel de fonds de l'ONU
L'ONU a lancé vendredi un appel de fonds d'urgence de 163,8 millions de dollars (120 millions d'euros) pour "éviter d'être dépassée" par l'épidémie de choléra dans le pays, le plus pauvre du continent américain. "Il nous faut absolument cet argent au plus vite pour éviter d'être dépassés par cette épidémie", a expliqué la porte-parole du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), Elisabeth Byrs.

L'épidémie qui s'est développée dans le nord de l'île depuis la mi-octobre n'a pas atteint son "pic", a averti à Genève l'Organisation mondiale de la santé.

L'un des candidats au scrutin présidentiel a fait savoir que les élections prévues pour le 28 novembre pourraient être reportées si l'épidémie prenait de l'ampleur et s'étendait à tout le pays.

La France a décidé d'envoyer deux missions médicales en Haïti et a débloqué 100.000 euros, à la fois pour combattre le choléra et pour soutenir la petite enfance en Haïti, a annoncé mardi le porte-parole du ministère des Affaires étrangères.

Le choléra, une maladie hautement contagieuse
Le choléra est une maladie hautement contagieuse, qui peut tuer en quelques heures, dont la propagation est favorisée par les défaillances des réseaux sanitaires et l'absence d'hygiène et de soins.

Après une incubation de quelques jours, la maladie débute par de violentes diarrhées vidant littéralement l'organisme de son eau. En l'absence de réhydratation immédiate, cette déperdition de liquides est souvent mortelle.

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