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Primaires américaines : dans l'Iowa, la foi en Trump contre la foi en Dieu

C’est une tradition, les électeurs de l’Iowa sont les premiers à s’exprimer, à dire qui ils veulent voir pour représenter leur parti dans cette élection. Ce n’est pas une primaire classique, ce sont des "caucus", des réunions publiques à l’issue lesquelles se comptent les partisans de chacun des candidats. C'est le premier test politique réel après des mois de sondages dominés par Donald Trump.
Article rédigé par Frédéric Carbonne
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Donald Trump en campagne dans l'Iowa © maxPPP)

C’est à la fois le début du marathon menant jusqu’à la Maison-Blanche et la fin d’un long périple pour tous ces candidats qui arpentent depuis des mois les plaines de l’Iowa. Il faut se rendre compte que l’Iowa représente 1% de la population américaine et lundi dans les "caucus" organisés par les deux partis quelques dizaines de milliers de personnes seulement iront voter. Malgré cela l’électeur a été courtisé ville par ville, maison par maison, le téléphone sonne en permanence ces jours-ci. Tout cela n’a politiquement aucun sens, dit le professeur Goldford, le spécialiste du petit théâtre de l’Iowa à l’université de Des Moines, et cependant il y voit une grande vertu démocratique : "Les "caucus" obligent les candidats à traiter les électeurs comme un réel être humain". 

Primaires américaines : dans l'Iowa, la foi en Trump contre la foi en Dieu - un reportage signé Frédéric Carbonne

Et une catégorie d’électeurs a droit attention à toutes les attentions, ce sont les chrétiens évangélistes parce que l’Iowa est une terre d’églises, de chapelle parfois rivales, mais qui veulent toutes que dieu reprenne toute sa place à la Maison-Blanche. Il s’agit d’un lobby très organisé, avec des militants qui déplaceront lundi pour voter. Ils représentent ici plus de 60% de l’électorat républicain et leur discours est sans ambiguïtés : "Les pays qui oublient Dieu retournent en enfer".

Ce militant, Gerry, je l'ai rencontré dans une réunion publique de Ted Cruz. Le sénateur du Texas est le candidat républicain naturel pour ces évangélistes, il est venu soutenir dans l’Iowa des commerçants condamnés pour refus de vente à un couple homosexuel et dans cette petite salle d’un village, la fin de réunion ressemble à une sortie de messe. "Dieu vous bénisse, merci de prier pour moi"  dit le candidat, ensemble nous allons y arriver. Ted Cruz a en tout cas le soutien du président de la principale association évangélique, il a le profil des précédents vainqueurs républicains dans cet état, et pour Greg Baker, qui dirige un collectif rassemblant 800.000 chrétiens de l’Iowa, il est le paravent face à la menace Donald Trump : "Je suis très inquiet face à la menace Donald Trump. Il suffit de l'écouter : c'est vulgaire, brutal, lourd..."

Cela peut-il couter la victoire à Donald Trump dans l’Iowa ?

Difficile à dire parce que certes la dimension religieuse de Trump est limitée, même s’il dit avoir une relation formidable avec Dieu. Mais en même temps, ce n’est pas le seul critère de vote,  et dans l’Iowa comme ailleurs, le phénomène est bien réel

Il en est donc ainsi dans tous les meetings de Donald Trump, un accueil façon rock star, un soutien à toutes ses initiatives, et le sentiment exprimé par le capitaine  Ray Radcliffe, un vétéran de la guerre de Corée, que son moment est venu : "C'est l'homme qu'il nous faut. Il n'y a aucun doute". 

On le comprend, ce vote lundi chez les républicains ce sera un peu la foi en Trump contre la foi en Dieu. Et les candidats plus classiques devront sans doute attendre la prochaine primaire pour faire mieux que la troisième place.

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