Au moins 26 ont été tués vendredi par les forces de sécurité syriennes et un opposant a été arrêté
26 personnes ont été tuées par les forces de sécurité à travers tout le pays lors de nouvelles manifestations anti-gouvernementales, ont indiqué des militants des droits de l'Homme.
Une des principales figures de l'opppositon, Riad Seif , a été arrêté à Damas par les services de sécurité, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme.
"Il a été arrêté après la prière du vendredi à proximité de la mosquée al-Hassan dans le quartier Midane", a affirmé le président de l'Observatoire, Rami Abdel Rahmane..
Riad Seif, 64 ans, a déjà purgé une peine de deux ans et demi de prison, de janvier 2008 à juillet 2010, pour avoir appelé à la démocratie dans son pays. Il fait partie des 12 opposants qui avaient signé la "Déclaration de Damas", appelant à un changement démocratique en Syrie.
Les Syriens bravent le régime
Les opposants au régime de Bachar el-Assad avaient appelé à de nouvelles manifestations vendredi en Syrie pour réclamer la chute du régime et la libération des détenus.
Dans plusieurs villes du pays, des rassemblements ont eu lieu après les grandes prières du vendredi, de Banias sur la côte méditerranéenne à Kamichli dans le Nord-Est, à population kurde.
Les forces de sécurité d'Assad, qui sont entrées le 25 avril dans Deraa, berceau des manifestations dans le sud du pays, ont empêché les contestataires de disposer d'un "lieu phare" emblématique comme le fut la place Tahrir au Caire pour les Egyptiens, en bloquant l'accès à la capitale, Damas.
Chaque vendredi, cependant, les opposants profitent des grandes prières pour mener ensuite de nouvelles manifestations.
"Le peuple veut le renversement du régime", ont scandé 2.000 contestataires à Sakba, banlieue sud de Damas, en réclamant la libération des centaines de personnes arrêtées par les forces de sécurité ces derniers jours, a rapporté un témoin. Des chars se sont déplacés à Bazreh, un autre quartier de la capitale.
Des blindés ont aussi été déployés à Homs, grande ville du centre du pays où 15 manifestants ont péri dans les tirs des forces de sécurité sur un cortège de manifestations, a rapporté un défenseur des droits de l'homme.
A Hama, six personnes ont été tuées par balles lors d'une grande manifestation dans le centre-ville, selon un habitant.
A Banias, un chef de l'opposition, Anas al Choughri, a dit à Al Djazira que les manifestants continueraient leurs actions "jusqu'à ce que nous obtenions des libertés".
D'autres manifestations ont été signalées dans les villes de Zabadani et de Tel Kelekh près de la frontière libanaise.
Le président Assad, qui a levé le 21 avril l'état d'urgence en vigueur depuis 50 ans, continue la répression - plusieurs villes assiégées par l'armée et arrestations de masse -, suscitant des condamnations internationales.
"Vendredi du défi, le 6 mai 2011, Syrie, la liberté approche, le peuple veut faire tomber le régime", titrait le site "The Syrian Revolution 2011" créé par de jeunes militants.
La répression aurait fait 8.000 morts
La répression de la contestation a fait, selon plusieurs ONG, quelque 600 morts à travers la Syrie, en majorité à Deraa, où est né le mouvement mi-mars, alors que le nombre de personnes "détenues ou disparues pourrait dépasser les 8.000", a déclaré mardi Wissam Tarif, directeur exécutif de l'organisation de défense des droits de l'Homme Insan.
Réactions internationales
Les Etats-Unis et l'Italie ont appellé Damas à "cesser les violences et reprendre la voie du dialogue", a déclaré jeudi le ministre italien des Affaires étrangères Franco Frattini à l'issue d'un entretien à Rome avec la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton. Il a également évoqué des "sanctions" contre la Syrie , notamment "la suspension des négociations avec l'Union européenne en vue d'un accord de coopération".
Le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé avait réaffirmé mercredi que la France voulait voir le président Assad sanctionné par l'Union européenne et estimé qu'il serait évincé si la répression perdurait.
A Washington, des élus du Congrès américain ont jugé l'administration du président Barack Obama trop tendre avec le régime syrien et sa répression violente du mouvement de protestation. Michael Posner, un haut responsable du département d'Etat, a rejeté l'idée d'un représentant de rappeler l'ambassadeur américain à Damas. Le diplomate Robert Ford, premier ambassadeur américain en poste en Syrie depuis cinq ans, a été nommé dans l'espoir d'entamer une nouvelle relation avec Damas.
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