: Reportage "Je veux un bracelet pour qu’on puisse identifier mon corps" : le traumatisme des enfants libanais déplacés à cause de la guerre
Depuis dix jours, 175 personnes, pour moitié des enfants, dorment à même le sol, dans de petites salles de classes de cette école libanaise de Zahlé, transformée en centre d’accueil d’urgence, dans la plaine de Bekaa à l'est de Beyrouth. Vêtements, nourriture… Les familles, parties dans la précipitation, manquent de tout.
Accroupie, le visage encadré d’un hijab noir, Rama, 13 ans, est en train de dessiner. "Ici, c’est le soleil, là, les nuages, décrit-elle. Je dessine une maison avec un enfant et je vais dessiner la frappe aérienne. L’enfant pleure parce qu’il a perdu sa maison. Je suis tellement triste d’avoir quitté la mienne pour venir ici".
Si la maison de Rama a, en réalité, été épargnée, la jeune adolescente reste traumatisée par les bombardements des habitations voisines. "Lors d’une frappe, je suis montée dans un arbre. J’ai crié : maman ! maman ! J’étais submergée, sur le point de m’évanouir, raconte l’adolescente. On m’a donné des médicaments avec de l’eau".
Aissa, 10 ans, vient de la ville de Balbeek. "Ma maison est toujours là-bas, mais 20 missiles sont tombés dans le quartier", explique-t-il.
"On a entendu les explosions. Nous étions effrayés. Nous sommes venus ici pour ne plus avoir peur et être en sécurité."
Aissa, 10 ansà franceinfo
Ces enfants sont traumatisés par le fracas de la guerre. "Des drones, des explosions, des avions qui passent et qui franchissent le mur du son, c’est traumatisant, illustre Christophe Boulierac, porte-parole de l’Unicef au Liban. De jouer, de l’exprimer et de rester avec les parents, c’est déjà la première réponse qui leur permettra de ne pas aller trop mal. Il y a quelques jours, j’étais dans un de ces abris, dans une autre ville, et un petit me dit : ‘Je veux avoir un bracelet avec mon nom parce que, s’il y a un missile qui tombe sur nous, je veux qu’on retrouve mon corps et qu’on l’identifie avec ma famille'. Un enfant ne devrait jamais dire ça".
Depuis le début de la guerre entre Israël et le Hezbollah, les autorités libanaises font état de 2 000 personnes tuées, dont 127 enfants. Des enfants qui sont déjà 300 000 à avoir été déplacés. Et le chiffre ne cesse d’augmenter.
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