: Reportage "Je veux un bracelet pour qu’on puisse identifier mon corps" : le traumatisme des enfants libanais déplacés à cause de la guerre

Au Liban, toutes les écoles sont fermées alors que les frappes israélienne continuent. Beaucoup d’entre elles se sont transformées en centres d’accueil pour des centaines de milliers de déplacés. 900 centres d’urgence ont été ouverts à travers tout le pays.
Article rédigé par Virginie Pironon - Alexandre Abergel
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Des enfants libanais, réfugiés dans une école de la plaine de Bekaa, transformée en centre d'accueil d'urgence à cause de la guerre entre Israël et le Hezbollah, le 4 octobre 2024. (VIRINIE PIRONON / RADIO FRANCE)

Depuis dix jours, 175 personnes, pour moitié des enfants, dorment à même le sol, dans de petites salles de classes de cette école libanaise de Zahlé, transformée en centre d’accueil d’urgence, dans la plaine de Bekaa à l'est de Beyrouth. Vêtements, nourriture…  Les familles, parties dans la précipitation, manquent de tout. 

Accroupie, le visage encadré d’un hijab noir, Rama, 13 ans, est en train de dessiner. "Ici, c’est le soleil, là, les nuages, décrit-elle. Je dessine une maison avec un enfant et je vais dessiner la frappe aérienne. L’enfant pleure parce qu’il a perdu sa maison. Je suis tellement triste d’avoir quitté la mienne pour venir ici".

Rama, 13 ans, est l'une des enfants libanaises déplacées en raison de la guerre avec Israël. (VIRGINIE PIRONON / RADIO FRANCE)

Si la maison de Rama a, en réalité, été épargnée, la jeune adolescente reste traumatisée par les bombardements des habitations voisines. "Lors d’une frappe, je suis montée dans un arbre. J’ai crié : maman ! maman ! J’étais submergée, sur le point de m’évanouir, raconte l’adolescente. On m’a donné des médicaments avec de l’eau".

Aissa, 10 ans, vient de la ville de Balbeek. "Ma maison est toujours là-bas, mais 20 missiles sont tombés dans le quartier", explique-t-il.

"On a entendu les explosions. Nous étions effrayés. Nous sommes venus ici pour ne plus avoir peur et être en sécurité."

Aissa, 10 ans

à franceinfo

Ces enfants sont traumatisés par le fracas de la guerre. "Des drones, des explosions, des avions qui passent et qui franchissent le mur du son, c’est traumatisant, illustre Christophe Boulierac, porte-parole de l’Unicef au Liban. De jouer, de l’exprimer et de rester avec les parents, c’est déjà la première réponse qui leur permettra de ne pas aller trop mal. Il y a quelques jours, j’étais dans un de ces abris, dans une autre ville, et un petit me dit : ‘Je veux avoir un bracelet avec mon nom parce que, s’il y a un missile qui tombe sur nous, je veux qu’on retrouve mon corps et qu’on l’identifie avec ma famille'. Un enfant ne devrait jamais dire ça".

Une école de Zahlé, dans la plaine de Bekaa au Liban, transformée en centre d'accueil d'urgence à cause de la guerre entre Israël et le Hezbollah, le 4 octobre 2024. (VIRGINIE PIRONON / RADIO FRANCE)

Depuis le début de la guerre entre Israël et le Hezbollah, les autorités libanaises font état de 2 000 personnes tuées, dont 127 enfants. Des enfants qui sont déjà 300 000 à avoir été déplacés. Et le chiffre ne cesse d’augmenter.

Témoignages d'enfants libanais déplacés : reportage de Virginie Pironon et Alexandre Abergel

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