Reportage "La silhouette de Nasrallah sera toujours là, donc ce n'est pas fini" : le Hezbollah affaibli mais pas neutralisé au Liban

Il y a un an exactement, le Hezbollah lançait ses premières roquettes sur Israël en soutien au Hamas et aux attaques du 7-Octobre. Un an après, où en est le mouvement islamiste sur le plan politique et militaire ?
Article rédigé par Sébastien Laugénie
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
  (JOSEPH EID / AFP)

Avec la mort d’Hassan Nasrallah et de plusieurs hauts responsables, le Hezbollah est-il en sursis ? Ses dizaines de milliers de combattants ont perdu leurs chefs. Toutefois, la base du mouvement armé, même désorganisée, reste active. Pour preuve, les roquettes lancées ces deux derniers jours sur Haïfa et ses 280 000 habitants. Jamil El Sayed est l’ancien chef des renseignements libanais et député proche du Hezbollah : "La silhouette de Nasrallah sera toujours là, donc ce n'est pas fini, dit-il. Il y a eu une faiblesse, mais c'est toujours en action dans le Sud. Dans un système de résistance, il y a une certaine liberté de manœuvre. Ce n'est pas une armée, ce n'est pas une hiérarchie qui, quand elle perd sa tête va s'écrouler jusqu'au bout", explique-t-il.

Politiquement, l’influence du Hezbollah dans les institutions reste encore puissante. Avec ses alliés, ils détiennent 40% des sièges à l’Assemblée et président aussi le Parlement. Mais depuis quelques jours, la pression de l’opposition monte sur le parti chiite, pour accepter un cessez-le-feu et élire enfin un président, après deux ans d’impasse. "Il y a une partie des Libanais qui fait porter sur le compte du Hezbollah cette absence de reconstruction de l'Etat, analyse Pascal Monin, professeur de sciences politiques à Beyrouth. Combien de fois n'a-t-on pas entendu que le Hezbollah, c'est un Etat dans l'Etat, c'est un Etat aux dépens de l'Etat".

Appel à un cessez-le-feu

Toutefois, les voix se multiplient dans la société civile pour sortir le Liban de la crise. Comme celle de l’ancien bâtonnier des avocats de Beyrouth, Melhem Khalaf. Il dort depuis près de deux ans à l’intérieur du Parlement pour alerter sur la situation politique. "Je suis au Parlement depuis bientôt 625 jours. Je vis nuit et jour là-dedans. Ce n'est pas uniquement pour élire un président, c'est pour sauver la démocratie. C'est une démocratie que le monde va perdre", prévient-il. Un appel au secours désormais relayé au plus haut niveau de l’Etat. Il y a près d’une semaine, le Premier ministre Najib Mikati - sunnite -, le président de l’Assemblée Nabih Berri - chiite - et le leader historique des Druzes, Walid Joumblatt, ont appelé à un cessez-le-feu et à relancer le processus électoral.

Le Hezbollah, lui, est plus que jamais isolé alors que l'armée israélienne a annoncé le mardi 8 octobre avoir "éliminé" un haut responsable du Hezbollah dans une frappe près de Beyrouth. Dans un communiqué, elle présente Suhail Hussein Husseini comme "le commandant du quartier général du Hezbollah", l'endroit où est "supervisée la logistique au sein de l'organisation terroriste".

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