Reportage "Ces attaques nous rendent plus forts" : après la mort d'Hassan Nasrallah, le Hezbollah organise une opération de communication dans son fief à Beyrouth

Franceinfo a pu se rendre mercredi à Dahieh, en plein quartier du Hezbollah, à Beyrouth, pilonné par l’armée israélienne ces derniers jours. Une grande opération communication du mouvement chiite pour montrer les pertes civiles.
Article rédigé par Virginie Pironon
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Des journalistes dans le quartier de Dahieh à Beyrouth au Liban, le 2 octobre 2024. (VIRGINIE PIRONON / RADIO FRANCE)

Dans le quartier de Dahieh, au sud de Beyrouth, se trouve le fief du Hezbollah, là où Hassan Nasrallah a été tué vendredi 27 septembre. Depuis, les frappes y sont quotidiennes dans une odeur de brûlé. Le quartier a encore été frappé dans la matinée du mercredi 2 octobre par l'armée israélienne.

C'est sur des décombres encore fumants que Mohamed Afif, un des chargés de la communication du Hezbollah, prend la parole devant les caméras du monde entier. "Ce sont des Libanais qui vivent ici. Vous pouvez le voir de vos propres yeux. Ce sont de simples habitations où vivaient des civils."

Partout sur les murs, d'immenses portraits du leader chiite décédé vendredi. Hassan Nasrallah était ici une figure sacrée. "S'il était encore en vie, il nous dirait : 'vous êtes dans mon cœur.' Et on lui répondrait : 'Nous allons nous sacrifier. Pas seulement nos maisons, mais nous donnerons nos âmes ainsi que nos enfants.'"

Des portrait d'Hassan Nasrallah dans le quartier de Daheh à Beyrouth au Liban, le 2 ocotbre 2024. (VIRGINIE PIRONON / RADIO FRANCE)

Un quartier vidé de ses habitants

Ali, 38 ans, est un habitant du quartier. Il tient ici un coffee shop. Il était là vendredi quand la frappe israélienne s'est abattue sur le quartier général du Hezbollah. Depuis, explique-t-il, le quartier s'est entièrement vidé de ses habitants. "C'était tellement fort, on a cru que tout le quartier allait être détruit. Maintenant, il n'y a plus personne. J'ai toujours vécu ici. La semaine dernière, la moitié de la population était encore là. Mais depuis la frappe de vendredi, il ne reste disons, qu'1% des gens, presque personne."

Des bâtiments endommagés à la suite d'attaques israéliennes dans le quartier de Dahieh à Beyrouth au Liban, le 2 octobre 2024. (VIRGINIE PIRONON / RADIO FRANCE)

En quelques jours, le quartier Dahieh s'est en effet vidé de ses habitants qui se sont pour la plupart réfugiés plus au nord dans des hôtels de Beyrouth ou, pour les plus démunis, dans des centaines de centres d'accueil. Dans le quartier, la fumée, la poussière et les gravats sont omniprésents. Mais Hassan, qui est né dans le quartier, refuse de le quitter. Il s'exprime sous l'œil attentif des membres du Hezbollah qui encadrent la visite. "Je suis prêt à perdre ma maison, mon âme et mes enfants, affirme-t-il. Ce qui se passe ici, cela fait peur aux enfants. Mais en réalité, pour les adultes, cela ne fait que nous renforcer. Dahieh est notre quartier, c'est notre terre. Je vous le dis, ces attaques nous rendent plus forts."

Alors que les frappes se poursuivent dans cette banlieue sud de Beyrouth, impossible de savoir précisément combien il y a eu de morts au total ces dernières semaines. Mais rien que pour aujourd'hui, après les frappes dans la nuit de mardi, les autorités libanaises font état d'au moins 55 morts et de plus de 150 blessés.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.