Cet article date de plus de quatre ans.

Allemagne : un jihadiste du groupe Etat islamique jugé pour génocide contre les Yézidis

Cet homme comparaît également à partir de vendredi pour le meurtre d'une enfant de la minorité yézidie qu'il avait réduite à l'état d'esclave.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Un Irakien inspecte un charnier découvert à Sinuni, où des membres de la minorité yézidie ont été tués par des jihadistes de l'EI, le 3 février 2015.  (SAFIN HAMED / AFP)

Un membre du groupe Etat islamique (EI) comparaît à partir du vendredi 24 avril en Allemagne pour génocide et pour le meurtre d'une enfant de la minorité yézidie qu'il avait réduite, tout comme sa mère, à l'état d'esclave. Présenté comme Taha Al-J., 37 ans et originaire d'Irak, il est également accusé de crimes contre l'humanité, crimes de guerre et trafic d'êtres humains devant le tribunal régional supérieur de Francfort.

Son épouse, l'Allemande Jennifer Wenisch, comparaît de son côté depuis un an devant une cour de Munich pour le meurtre de la fillette, que le couple est accusé d'avoir laissée mourir de soif en 2015 à Falloujah, en Irak. La mère de l'enfant, présentée par la presse comme Nora, a témoigné à plusieurs reprises à Munich du calvaire qu'elle affirme avoir subi avec sa fille, Rania.

Une minorité kurdophone du nord de l'Irak

L'ouverture de l'audience, en avril 2019, avait été considérée comme le premier procès au monde des exactions commises par l'organisation jihadiste à l'encontre des Yézidis, une minorité kurdophone du nord de l'Irak, persécutée et asservie par les jihadistes à partir de 2014.

Selon l'acte d'accusation, Taha Al-J. avait rejoint dès mars 2013 les rangs de l'EI et occupé jusqu'à l'an dernier diverses fonctions pour le compte de l'organisation à Raqqa, "capitale" du groupe EI en Syrie, mais aussi en Irak et en Turquie.

La justice allemande lui reproche notamment d'avoir, "fin mai-début juin 2015, acheté comme esclaves" Nora et sa fillette de 5 ans et de les avoir emmenées à Falloujah, où elles ont subi de graves sévices et ont été en partie privées de nourriture.

Attachée dehors par 50 °C

Après de nombreuses maltraitances, au cours de l'été 2015, la petite fille avait été "punie" par l'accusé pour avoir uriné sur un matelas, et attachée à l'extérieur de la maison où elle vivait enfermée avec sa mère par des températures autour de 50 °C. La fillette est morte de soif tandis que sa mère, contrainte de marcher dehors pieds nus, avait subi de graves brûlures en raison de la chaleur extrême du sol.

Interpellé en Grèce le 16 mai 2019, l'accusé avait été remis à l'Allemagne le 9 octobre et placé en détention provisoire le lendemain. Placé sous haute surveillance policière, ce procès devrait s'étaler au moins jusqu'à la fin août.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.