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A Gaza, malgré la trêve, "la peur est latente, personne n'est confiant"

Alors que les armes restent muettes à Gaza au deuxième jour du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, les Gazaouis redoutent toujours une reprise du conflit, tant les pertes humaines et les dégâts matériels sont importants. 

Article rédigé par Vincent Daniel - Propos recueillis par
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Des habitants de Gaza constatent les dégâts causés par les frappes aériennes israéliennes à Gaza city, le 6 août 2014.  (ONUR COBAN / ANADOLU AGENCY / AFP)

Deuxième jour de trêve pour la bande de Gaza. Le cessez-le-feu qui doit durer 72 heures est entré en vigueur mardi 5 août, à 8 heures locales. Le temps nécessaire à la poursuite d'un dialogue entre Israéliens et Palestiniens au Caire, en Egypte. 

Pour les Gazaouis, ce moment de répit est l'occasion de compter leurs morts et de constater l'étendue des dégâts de l'opération "Bordure protectrice", qui a fait au moins 1 850 morts côté palestinien et 67 victimes côté israélien. Si la vie reprend son cours dans la bande de Gaza, les habitants vivent toujours dans la crainte d'une reprise du conflit, comme l'explique à francetv info Nicolas Palarus, coordinateur de Médecins sans frontières à Gaza. 

Francetv info : Quelle est la situation dans la bande de Gaza après l'entrée en vigueur du cessez-le-feu entre le Hamas et l'Etat hébreu ?

Nicolas Palarus : La situation depuis hier [mardi] matin n'est toujours pas normale. Les gens sortent de nouveau beaucoup dans les rues, mais on sent qu'il y a un mélange d'optimisme et de peur. Il y a une volonté d'arrêter le conflit et l'espoir que tout soit fini parce que la population est épuisée, démoralisée. On sent les gens détruits. C'est une drôle de sensation que l'on ressent en parlant avec les Gazaouis. Les magasins sont ouverts et à nouveau réapprovisionnés. Le commerce reprend. La vie reprend tout doucement, mais tout est en suspens. Le cessez-le-feu doit prendre fin vendredi matin. La population a toujours la crainte que les négociations de paix n'aboutissent pas et que les combats reprennent. La peur est latente, personne n'est confiant.

Nous aussi, les expatriés, nous sommes tous très fatigués, nous avons tous subi des tensions très fortes et de grandes peurs. Depuis hier, on se relâche. Cela fait du bien, mais on reste dans l'attente. 

Les populations déplacées par le conflit peuvent-elles regagner les zones qu'elles ont quittées ? 

Elles quittent les écoles où elles étaient réfugiées pour retourner chez elles, mais de nombreuses personnes n'ont plus de maison. Elles retrouvent aussi leurs familles car beaucoup ont été séparées. Tout le monde découvre l'ampleur des dégâts causés par les frappes. C'est impressionnant : des bâtiments se sont totalement effondrés, certains ont été éventrés par des obus et quelques-uns tiennent debout par miracle. Des gens cherchent à récupérer des affaires au milieu des décombres. Ce matin, nous sommes allés dans le nord de Gaza city, dans le quartier de Betlaya, où une barre d'immeubles est totalement détruite. Il s'agissait d'habitations de Palestiniens défavorisés, ils n'ont plus rien. 

J'étais à Gaza avant le début du conflit. Vu du terrain, ce à quoi on a assisté n'est pas vraiment une guerre, c'est un massacre. Plusieurs quartiers ont été totalement ravagés. Il n'y a plus rien. C'est du sable, de la poussière et des gravats. Je n'ai pas de mots pour décrire tout ça... J'étais en mission à Haïti après le tremblement de terre en 2010, aujourd'hui, à Gaza, les paysages sont pires.

La reconstruction s'annonce donc difficile…

Si, par bonheur, le conflit est terminé, le travail de reconstruction des bâtiments et des infrastructures s'annonce gigantesque. Et il y aura aussi un gros boulot à faire sur le mental des gens. Sans parler des blessés, qui sont très nombreux. Nous avons eu beaucoup d'amputations, généralement des deux jambes, et beaucoup de brûlés aussi. Ce sont des dégâts physiques permanents. Ces personnes vont devoir réapprendre à vivre avec une partie de leur corps mutilé. La reconstruction, au sens large du terme, va prendre beaucoup de temps. 

En ce qui nous concerne, nous préparons l'après-conflit. Nous allons ouvrir une clinique supplémentaire et renforcer les équipes chirurgicales pour travailler sur les deuxièmes et troisièmes opérations. Généralement, les gens mutilés ont besoin de plusieurs opérations après la première qui est faite dans l'urgence. 

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