Attaque terroriste du 7 octobre en Israël : la lettre de suicide d'un survivant du festival Tribe of Nova était fausse
Une lettre d'adieu inventée de toutes pièces. Un journaliste israélien a enquêté et démontré qu'un message partagé fin août sur les réseaux sociaux, attribué à un survivant du massacre perpétré par le Hamas, le 7 octobre 2023, ne correspondait à aucun fait vérifiable. Adam Shafir a révélé le mensonge dans l'émission "Hazinor" ("le tuyau" en français) sur Channel 13, mercredi 28 août. "L'histoire parue ces derniers jours, à propos d'un survivant de Nova qui a vu des horreurs et s'est suicidé, n'a pas laissé un seul œil sec. (...) Il s'agit d'un faux complet", avait-il annoncé un peu plus tôt sur X.
Le message, écrit à la première personne, était présenté comme les derniers mots d'un survivant de l'attaque menée contre le festival Tribe of Nova, le 7 octobre. Il était adressé à la victime d'un viol perpétré par des membres du Hamas, que l'auteur culpabilisait de n'avoir pas pu sauver. Après avoir décrit l'attaque des terroristes et une scène de violence sexuelle, le message se terminait par une demande de pardon. "J'ai atteint le fond, je ne peux plus vivre. (...) Je viens à toi, dans le prochain grand monde, je promets de te sauver là-bas et de te protéger. S'il te plaît, pardonne-moi !", pouvait-on lire dans ce texte, également partagé sur X dimanche 25 août.
Comme le relève CheckNews, le message, en hébreu, avait d'abord été partagé deux jours plus tôt sur un groupe Facebook de survivants du festival de musique, par une personne qui se présente comme la sœur de l'auteur. En introduction, celle-ci déclarait : "Je publie une lettre de mon petit frère qui s'est suicidé à la suite des choses qu'il a vues. Il était un survivant de Nova. Je ne veux pas publier son nom." La lettre a été depuis supprimée du groupe, mais a largement circulé sur les réseaux, relayée notamment par des personnalités influentes. Parmi elles, l'auteur israélien Hen Mazzig et l'ambassadeur allemand en Israël, Steffen Seibert, ont admis par la suite que le message diffusé n'était pas vérifié.
"Il n'y a pas eu de suicide"
Dans l'émission "Hazinor" diffusée mercredi, le journaliste Adam Shafir explique avoir contacté la police, les services d'urgences, le ministère de la Santé et l'Institut de la médecine légale, sans qu'aucune de ces autorités israéliennes ne puisse corroborer ce cas précis de suicide. Le journaliste a finalement pu joindre la personne qui a publié le message sur Facebook.
Dans leur échange, enregistré et en partie diffusé dans le reportage, celle-ci affirme qu'il ne s'agit pas de son histoire, mais de celle d'une amie. Quand Adam Shafir remet en cause la véracité du récit partagé, son interlocutrice formule "des aveux complets", selon les termes du journaliste. "L'histoire est absolument fausse, tout est inventé, ce n'est pas réel. Non, il n'y a pas eu de suicide. Il s'avère que c'était finalement son invention [celle de son amie]", a-t-elle reconnu.
Une volontaire de l'ONG israélienne Safe Heart, qui apporte un soutien psychologique aux survivants du festival attaqué, a également souligné qu'il s'agissait d'un faux auprès de l'hebdomadaire londonien The Jewish Chronicle. Delilah Schwartz rapporte avoir correspondu avec l'administrateur du groupe Facebook de survivants et estimé que "quelque chose commençait à sentir mauvais", quand elle a appris que l'autrice de la publication avait changé plusieurs fois de version des faits auprès de l'administrateur du groupe.
Une mise en scène "dangereuse" pour les survivants
L'association Nova Tribe Community a aussi confirmé qu'elle n'avait trouvé "aucune indication de la véracité de ce message", rapporte The Jewish Chronicle. Auprès de l'hebdomadaire, Delilah Schwartz s'est dite "horrifiée" de découvrir que la lettre était fausse. "La plupart des survivants ressentent déjà d'intenses sentiments de culpabilité, confie-t-elle, jugeant une telle mise en scène "très dangereuse et insensée".
En Israël, les attaques du 7 octobre ont fait 7 500 blessés et coûté la vie à 1 200 personnes, selon l'ONU. Au moins 364 personnes sont mortes ce jour-là sur le site du festival Tribe of Nova (Réïm, Israël), d'après les chiffres de la police israélienne. Il existe également des preuves de violences sexuelles commises par les terroristes du Hamas. Mais aucune donnée n'existe concernant les suicides de survivants qui ont pu être commis après l'attaque, ou en lien avec elle. Une enquête journalistique publiée en mai par le média israélien Haaretz a cependant révélé qu'au moins 10 soldats israéliens s'étaient donné la mort, peu après avoir découvert l'ampleur des massacres perpétrés par le Hamas.
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