"C'est malheureusement notre réalité" : en Israël, de plus en plus de civils font le choix de s'armer

Traumatisés par le 7 octobre et par l'attaque au couteau de dimanche, des Israéliens choisissent en nombre d'acheter et de porter des armes. Ils sont aussi encouragés à s'armer par le ministre de la Sécurité nationale.
Article rédigé par Claude Guibal - Marc Garvenes
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Des habitants de Jérusalem dans une armurerie. Photo d'illustration (DEBBIE HILL / MAXPPP)

Devant l’armurerie de la zone commerciale à l'entrée de Holon, près de Tel-Aviv, des hommes se pressent, visage fermé. Choqués par l’attaque au couteau qui a fait deux morts dimanche 4 août à un kilomètre d'ici, des Israéliens continuent de se ruer dans les armureries. Ils sont encouragés par le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir, chef du parti d’extrême droite Otzma Yehudit qui a fait du port d’armes pour les civils une priorité. 

Casquette vissée sur le crâne, un homme s'approche. Il porte à sa ceinture un pistolet Glock, bien visible. Shahar Shaked a 49 ans et cela fait cinq ans que ce civil israélien porte une arme. À côté de lui, Shaked El Dod, un ancien militaire âgé de 73 ans, reconnaît être armé en permanence depuis 25 ans. "On n’a pas le choix. C’est notre réalité malheureusement. Tu as bien vu ce qui s’est passé le 7 octobre...", interpelle Shahar. "Et pas que le 7 octobre. À Holon, deux personnes ont été tuées", complète Shaked. D'après Shahar, au cours des huit derniers mois, "il y a eu plusieurs cas où des civils ont pu intervenir et éviter des drames."

Depuis son arrivée à la tête du ministère de la Sécurité nationale fin décembre 2022, Itamar Ben Gvir pousse la population à s'armer pour renforcer l’autodéfense. Des dizaines de milliers d'Israéliens ont répondu à cet appel, traumatisés par l’attaque du Hamas, le 7 octobre. Les critères d’obtention, dont l’obligation d’avoir fait l’armée, ont été allégés. Depuis l’attaque du 7 octobre, 150 000 nouvelles licences ont été délivrées. 

"J'envisage d'acheter une arme. Les menaces sont trop importantes."

Un habitant de Holon

à franceinfo

"C'est malheureux d'en arriver là, mais il faut y aller", indique un homme qui s'approche de l'armurerie. À quelques pas de là, devant une affiche appelant au retour des otages de Gaza, un homme, kippa sur la tête, fait une rapide prière. "Je n’ai pas fait de demande de permis de port d’arme, explique-t-il. J’aurais pu mais je m’en remets à Dieu et on espère que tout ira bien. Ben Gvir dit que tout le monde doit avoir une arme. Mais ça, ça peut aussi amener des problèmes. Il faut rester en alerte, et que Dieu nous protège". Dimanche 4 août à Holon, Itamar Ben Gvir a appelé les Israéliens à s’armer encore davantage, "la guerre, dit-il, est dans nos rues."

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