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Gaza : des soldats israéliens accusent l'armée d'usage indiscriminé de la force

Dans un rapport publié, lundi, par une ONG israélienne, des soldats dénoncent des ordres visant à limiter le nombre de pertes israéliennes, quitte à tuer des civils palestiniens.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Un char de l'armée isréalienne ouvrant le feu sur la bande de Gaza, le 21 juillet 2014. (MENAHEM KAHANA / AFP)

Une organisation israélienne, qui a donné la parole à des soldats de Tsahal, a publié, lundi 4 mai, un document accusant l'armée israélienne d'avoir causé un nombre sans précédent de victimes civiles, en recourant à la force sans discrimination pendant la guerre de Gaza en 2014.

Dans le document compilant les témoignages de plus de 60 officiers et soldats ayant participé à la guerre qui a eu lieu entre juillet et août 2014, "Briser le silence" (lien en anglais) insiste sur la volonté de l'armée israélienne de limiter ses pertes. "Le principe directeur de l'armée qui prône le risque minimum pour nos troupes, y compris aux dépens de civils innocents, ainsi que les efforts déployés pour dissuader et intimider les Palestiniens ont causé de nombreuses victimes dans la population et des dégâts sans précédent aux infrastructures civiles", écrit l'ONG.

"Quiconque osait montrer sa tête était un terroriste"

"Les règles d'engagement dispensées aux soldats sur le terrain consistaient à ouvrir le feu, ouvrir le feu partout (...). Le postulat de départ était qu'à partir du moment où nous entrions [dans la bande de Gaza], quiconque osait montrer sa tête était un terroriste", confie un soldat d'infanterie dans l'un des témoignages anonymes.

Le Monde a publié, lundi dans ses colonnes, un de ces témoignages. "Si une personne voit un char et ne s’enfuit pas, elle n’est pas innocente et peut être tuée", témoigne ainsi un ancien soldat, rebaptisé Arié, qui a effectué son service militaire comme tireur à bord d’un char de combat lors de l'opération "Bordure protectrice". "Officiellement, on nous disait qu’il fallait éviter les victimes civiles, mais en même temps, faire le plus de dégâts possibles. J’étais le seul que ça dérangeait dans mon bataillon", explique celui qui affirme avoir quitté Gaza, "amer et triste".

L'armée remet ces témoignages en question

L'armée israélienne a demandé à "Briser le silence" de lui fournir les preuves dont elle dispose ou des informations sur les témoignages publiés sous couvert d'anonymat, pour qu'elle puisse enquêter. Mais l'ONG a refusé, selon l'armée qui a clairement remis en question les intentions de l'organisation.

Tsahal a réaffirmé son engagement à enquêter "de la manière la plus sérieuse possible" sur toutes les informations "crédibles" relatives aux agissements de ses soldats pendant la guerre. Environ 2 200 Palestiniens, dont 1 500 civils selon l'ONU, ont été tués lors de cette guerre entre Israël, d'une part, et le Hamas et des groupes palestiniens d'autre part. Côté israélien, 73 personnes ont trouvé la mort, dont 67 soldats.

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