Gaza : "Tout ce que fait Benyamin Nétanyahou va contre l'intérêt d'Israël", fustige Jean-Yves Le Drian

L'ancien ministre des Affaires étrangères dénonce, jeudi, une "hyperviolence indiscriminée" dans la bande de Gaza.
Article rédigé par franceinfo
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Jean-Yves Le Drian était l'invité du 8h30 franceinfo, 14 mars 2024. (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

"Cette hyperviolence indiscriminée" dans la bande de Gaza "est épouvantable et n'aide en rien pour la suite à la sécurité d'Israël", a estimé jeudi 14 mars sur franceinfo l'ancien ministre des Affaires étrangères et actuel représentant personnel du président de la République pour le Liban, Jean-Yves Le Drian. Après plus de cinq mois de guerre entre Israël et le Hamas, déclenchée après une attaque sanglante du mouvement islamiste, le bilan humain ne cesse de s'alourdir dans l'enclave palestinienne et l'ONU redoute une famine généralisée.

"Ce qui se passe à Gaza est dramatique", a poursuivi l'ancien ministre de la Défense de François Hollande (2012-2017). "C'est un désastre scandaleux et c'est un désastre aussi pour Israël", dans la mesure où des "générations vivront dans le ressentiment", a-t-il prévenu. "À quel moment on va dire 'ça y est, on a éradiqué le Hamas'?", s'est-il interrogé. "Ce n'est pas en éliminant des milliers d'enfants, des milliers de femmes, des milliers d'hommes sur Gaza qu'on va éradiquer" l'idéologie du mouvement islamiste, a-t-il asséné.

"À un moment donné, il faut s'arrêter", a-t-il ajouté, avant de reprendre le principe défendu par la France et par l'Union européenne d'une solution à deux États, avec l'édification aux côtés de l'État hébreu d'un État palestinien. "La seule solution possible pour assurer la sécurité d'Israël pour l'avenir, c'est l'existence de deux États (…), il n'y a pas de choix, toute la communauté internationale le dit", a-t-il insisté. "Pour ce faire, il faut une trêve. Il faut que les otages soient libérés et qu'ensuite, on engage progressivement un processus politique", a estimé Jean-Yves Le Drian. "Tout ce que fait Benyamin Nétanyahou va contre l'intérêt d'Israël", conclut l'ancien ministre de la Défense.

Crainte d'une "extension du conflit"

Celui qui a forgé pendant près de dix ans l'influence française dans le monde juge que le "radicalisme d'Israël" créé des "tensions" pouvant aboutir à "une extension du conflit". "Moi, j'ai peur de l'extension du conflit", a-t-il martelé, revenant sur le rôle joué par l'Iran dans la zone. "Le grand gagnant de tout ça, c'est l'Iran. L'Iran qui a empêché qu'il y ait un accord entre l'Arabie saoudite et Israël. L'Iran qui a montré que finalement Israël n'était pas totalement invincible. L'Iran, qui a remis la question palestinienne au cœur des débats et s'en fait le porte-parole principal et qui, pendant ce temps-là, poursuit ses opérations pour être doté de l'arme nucléaire", a souligné Jean-Yves Le Drian.

"Il faut absolument éviter qu'un nouveau front de conflit s'ouvre à la frontière entre le Liban et Israël", a-t-il alerté. Les violences sont, en effet, quotidiennes à la frontière nord d'Israël avec le Liban entre l'armée israélienne et le Hezbollah, groupe libanais soutenu par Téhéran et allié du mouvement islamiste palestinien. "Je ne crois pas que le Hezbollah souhaite une confrontation, je ne crois pas qu'Israël le souhaite, sauf qu'il y a peut-être des éléments" dans les deux camps "qui le souhaitent et des accidents peuvent arriver et un engrenage peut être dramatique", a-t-il prévenu.

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