Guerre dans la bande de Gaza : l'Afrique du Sud développe sa plainte contre Israël pour "actes de génocide" devant la plus haute cour de l'ONU
L'Afrique du Sud a, dans une affaire historique devant la plus haute juridiction de l'ONU, accusé Israël de violer la Convention des Nations unies sur le génocide, jeudi 11 janvier. Pretoria avait saisi en urgence la Cour internationale de justice pour qu'elle enjoigne à Tel-Aviv de "suspendre immédiatement ses opérations militaires" dans la bande de Gaza.
Le 7 octobre, des attaques du Hamas ont fait environ 1 140 morts sur le territoire israélien. En représailles, Israël a juré d'"anéantir" le groupe islamiste au pouvoir dans la bande de Gaza, déclenchant une opération militaire dans laquelle près de 23 500 personnes ont été tuées, selon le dernier bilan du ministère de la Santé du gouvernement gazaoui, dirigé par le groupe islamiste.
"Aucune attaque armée sur le territoire d'un Etat, aussi grave soit-elle (...) ne peut justifier une violation de la Convention", a argumenté le ministre sud-africain de la Justice devant la CIJ, jeudi. "La réponse d'Israël à l'attaque du 7 octobre a franchi cette ligne et a donné lieu à des violations de la Convention" sur le génocide, a soutenu Ronald Lamola.
Israël présente sa défense vendredi
Israël a qualifié l'affaire d'"absurde" et "atroce", et a accusé Pretoria de se comporter comme "le bras juridique de l'organisation terroriste Hamas". "Nous ne présentons aucune affaire au nom du Hamas, cette déclaration est sans fondement. Nous le faisons au nom des Palestiniens, des enfants, des femmes et des personnes âgées qui sont tués à Gaza", a répondu Ronald Lamola devant les journalistes, à l'issue de l'audience devant la CIJ.
Selon Pretoria, Israël rompt ses engagements pris en vertu de la Convention des Nations unies sur le génocide, signée en 1948 à la suite de l'Holocauste. La campagne de bombardements menée par Israël vise à "la destruction de la vie des Palestiniens" et les pousse "au bord de la famine", a affirmé Adila Hassim, avocate de l'Afrique du Sud.
"Les génocides ne sont jamais déclarés à l'avance, mais cette cour bénéficie des treize dernières semaines de preuves qui montrent de manière incontestable un modèle de comportement et d'intention qui justifie une allégation plausible d'actes génocidaires", a-t-elle déclaré devant les juges. En tant que cosignataire de la Convention des Nations unies sur le génocide, l'Afrique du Sud peut poursuivre Israël devant la CIJ, qui statue sur les différends entre Etats. La défense israélienne doit être présentée vendredi devant la juridiction.
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