Guerre entre Israël et le Hamas : l'ambassadrice de Palestine en France appelle à "un cessez-le-feu immédiat" pour stopper "le génocide en cours"

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Article rédigé par franceinfo
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Pour Hala Abou Hassira, ce cessez-le-feu serait "la première étape pour sauver des vies et apporter du secours" aux habitants de Gaza.

"Il y a un crime de génocide dans la bande de Gaza", dénonce Hala Abou Hassira, ambassadrice de Palestine en France, invitée vendredi 3 novembre sur franceinfo. L'armée israélienne affirme avoir encerclé la ville de Gaza dans la nuit du jeudi 2 au vendredi 3 novembre. 

Hala Abou Hassira appelle la France à retrouver sa "voie singulière" pour "réclamer un cessez-le-feu immédiat" afin de "sauver des vies et apporter du secours" aux populations civiles à Gaza. L'aide humanitaire n'est absolument pas suffisante selon elle, car destinée "uniquement pour le sud", alors que "le nord de la bande de Gaza est anéanti et privé de toute essence qui permettrait la vie".

C'est "le moment d'agir" pour les "32 000 blessés" de Gaza, pour l'ambassadrice qui rappelle également les "9 061 morts, plus de 3 600 enfants morts, 2 300 femmes assassinées", chiffres du Hamas, crédibles selon elle : "j'aurais bien aimé que ces chiffres soient bien exagérés. Mais ça, c'est la réalité."

Sur la question des otages, il faut une libération "des deux côtés" pour l'ambassadrice de la Palestine en France, elle réclame la libération des "9 000 détenus" palestiniens en Israël en échange des otages du Hamas.

Franceinfo : Quelle est la priorité absolue dans le conflit actuellement ?

Hala Abou Hassira : L'important, aujourd'hui, dans ce moment très grave, c'est un cessez-le-feu immédiat, qui doit être demandé par la France, toutes les puissances européennes et par les États-Unis, qui ont donné le feu vert à Israël de mener le génocide en cours. Aujourd'hui, il y a un crime de génocide dans la bande de Gaza. Je cite un directeur du Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l'homme, qui a parlé d'un "cas atypique de génocide". L'ensemble de la population gazaouie est agressée, massacrée, transférée de force. La première étape pour sauver des vies et apporter du secours, c'est un cessez-le-feu immédiat.

Vous appelez donc la communauté internationale et la France à réclamer un cessez-le-feu, à s'engager davantage vous pensez que ça peut changer quelque chose ?

Bien sûr, j'invite la France à retrouver sa voix singulière, basée sur le droit. Toute discussion de la solution à deux États doit commencer par un cessez-le-feu immédiat, par l'arrêt de ce génocide, par l'arrêt de cette agression. Il n'est pas possible de donner un morceau de pain avec une main et de tuer avec l'autre. Aujourd'hui, pour reprendre une perspective politique, il faut que la France réagisse en responsabilité, en tant que membre permanent du Conseil de sécurité, et commence à œuvrer vraiment selon le droit, à mettre fin à ce génocide, et puis à mettre un terme à l'occupation et l'apartheid israélien de l'ensemble du territoire palestinien occupé, y compris dans la bande de Gaza.

L'armée israélienne annonce avoir encerclé la bande de Gaza, à quoi vous attendez-vous dans les prochains jours ?

Je m'attends au génocide dans tous les termes du mot. Aujourd'hui, toute la population civile est prise en otage dans la bande de Gaza et dans la ville de Gaza.

L'aide humanitaire qui a pu être acheminée est-elle suffisante, selon vous ?

Combien de camions sont entrés dans la bande de Gaza ? Combien de camions de nourriture ? Combien de camions d'eau ont pu passer ? Et c'est uniquement pour la partie sud, ça ne répond pas du tout au minimum de ce dont à besoin la population pour sa survie. Le nord de la bande de Gaza est anéanti et privé de toute essence qui permettrait la vie. Les hôpitaux sont à l'arrêt. L'hôpital central de Gaza ne fonctionne plus qu'avec un générateur, alors qu'il abrite 60 0000 déplacés et 6 000 blessés.

14 des 36 hôpitaux ne sont plus opérationnels, d'après l'OMS. Aujourd'hui, si on est blessé à Gaza, que se passe-t-il ?

Les blessés ne sont pas soignés. On a vu, tous, des blessés allongés dans les couloirs des hôpitaux. Ça nous amène dans un drame humanitaire sans précédent. Et c'est pour ça que c'est le moment d'agir. Les chiffres de blessés augmentent : 32 000 blessés avec 9 061 morts, plus de 3 600 enfants morts, 2 300 femmes assassinées.

Pour l'autorité palestinienne, ces chiffres du Hamas sont crédibles ?

Ce n'est pas de la joie de dire de tels chiffres. Moi, j'aurais bien aimé que ces chiffres soient bien exagérés. Mais ça, c'est la réalité.

Est-ce que vous appelez à la libération des otages ?

Nous sommes très clairs : il faut libérer tous les otages, palestiniens et israéliens. Il faut savoir qu'il y a plus de 9 000 otages palestiniens, des détenus politiques palestiniens. Il y a des milliers de détenus administratifs, sans inculpations, sans jugements. Il faut libérer tout otage civil, des deux côtés. Il ne faut pas libérer d'un côté, et pas de l'autre. C'est une position claire. Toute vie est égale à l'autre, il faut arrêter la politique du deux poids deux mesures.

Est-ce que vous trouvez que la proposition du Hamas d'échanger les prisonniers contre les otages est une bonne proposition ?

Ça serait une étape positive.

Est-ce que vous craignez un deuxième front ouvert par le Hezbollah ? Est-ce que vous appelez le Hezbollah à la modération ?

Nous craignons toute instabilité et explosion dans la région. On appelle à l'arrêt de l'agression à la source du problème. À l'arrêt du génocide, à l'arrêt de l'occupation, à l'arrêt de l'apartheid. Il faut régler la source du problème pour qu'on ait une stabilité nous, les Israéliens, la région et le monde entier.

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