Guerre entre le Hamas et Israël : quatre questions sur l'aide humanitaire attendue samedi dans la bande de Gaza
Ils sont au bord de la "catastrophe". L'Organisation des nations unies (ONU) se dit très préoccupée par le sort des quelque 2,4 millions de Gazaouis, dont la moitié sont des enfants, isolés depuis le blocus imposé par Israël le 9 octobre en réaction à l'assaut meurtrier du Hamas. Leurs réserves de nourriture seront bientôt épuisées. C'est pourquoi une aide humanitaire, très attendue par ces populations, doit intervenir au "plus tôt" samedi 21 octobre. "Nous sommes en négociations approfondies et avancées avec toutes les parties concernées pour garantir qu'une opération d'aide à Gaza démarre le plus rapidement possible", a déclaré vendredi Martin Griffiths, cité par un porte-parole du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha) à Genève.
Jusque-là, cette aide était impossible, à cause de blocages diplomatiques et de nombreux dégâts sur les routes. C'est le président américain Joe Biden qui, lors de sa visite en Israël mercredi, a réussi à convaincre le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, de donner son feu vert. Franceinfo revient en quatre questions sur cette aide humanitaire.
1 En quoi consiste cette aide humanitaire ?
Fournie par des ONG et des Etats, elle consiste essentiellement en l'acheminement de camions remplis de nourriture, de médicaments, de purificateurs d'eau, de produits d'hygiène, de couvertures... Mais, depuis le début du conflit, les véhicules et les conteneurs se sont accumulés à l'aéroport d'Al-Arich, dans le Sinaï égyptien, qui a même rouvert une de ses pistes d'atterrissage pour pouvoir tout recevoir. "Nous recevons deux à trois avions d'aide par jour, affrétés par des agences humanitaires ou des Etats", détaille à l'AFP Ahmed Ali, responsable du Croissant-Rouge égyptien.
Dans cette aide figure notamment celle du Programme alimentaire mondial (PAM), qui a acheminé 951 tonnes de nourriture à la frontière égyptienne, selon un porte-parole du programme. Il précise que cette quantité est suffisante pour nourrir 488 000 personnes pendant une semaine. En outre, des pays européens, comme l'Allemagne, l'Irlande ou le Royaume-Uni, ainsi que la Russie, ont également annoncé des aides financières, logistiques et médicales pour Gaza.
2 Quels sont les besoins de la population gazaouie ?
Les besoins sont multiples et urgents, selon les ONG présentes à Gaza. Certains quartiers ont été entièrement rasés et des centaines de milliers de personnes se retrouvent privées d'eau, de nourriture et d'électricité. Joe Biden a affirmé mercredi avoir négocié avec le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi de "laisser jusqu'à 20 camions traverser". Or, ce nombre est totalement insuffisant selon l'ONU et l'Organisation mondiale de la santé (OMS), car il ne répond pas aux besoins des Gazaouis qui, avant la guerre, dépendaient déjà pour 60% de l'aide alimentaire internationale. Le directeur des urgences de l'OMS (OMS) a qualifié l'aide de "goutte d'eau dans l'océan des besoins". "Il faudrait 2 000 camions", a rectifié Michael Ryan.
La situation à l'intérieur de Gaza est "plus que catastrophique", s'inquiète pour sa part Sara Alzawqari, porte-parole de l'Unicef. "Le temps presse et le nombre de victimes parmi les enfants augmente", a-t-elle ajouté. A Gaza, les stocks sont désormais quasiment vides, après 13 jours de guerre, explique-t-elle. "Nous avons distribué la quasi-totalité de l'aide que nous avions à l'intérieur de Gaza". "Des équipements et des médicaments ont également été fournis aux hôpitaux, mais compte tenu du nombre de blessés, les lits d'hôpitaux et les médicaments essentiels manquent", ajoute Sara Alzawqari. Or, "le temps presse et le nombre de victimes parmi les enfants ne fait qu'augmenter", prévient-elle, la situation "s'aggrave de minute en minute".
"Nous nous efforçons de faire fonctionner la seule usine de dessalement d'eau en état de marche dont la capacité est très réduite" à cause des pénuries de fuel et de courant maintenant que l'unique centrale électrique de Gaza est à l'arrêt, poursuit-elle. "Le carburant est une priorité absolue car (...) il n'y en a déjà plus" pour alimenter aussi bien les générateurs des hôpitaux que les stations de dessalinisation ou les boulangeries, souligne le docteur Richard Peeperkorn, chef du Bureau de l'OMS dans les territoires palestiniens occupés.
3 Comment la distribution de l'aide va-t-elle se dérouler ?
C'est l'Egypte qui devra gérer cette aide, sous la supervision de l'ONU, a déclaré le ministre des Affaires étrangères égyptien, Sameh Choukri, à la chaîne de télévision Al-Arabiya, cité par BFMTV. "C'est un défi logistique énorme", explique au Figaro Frédéric Joli, porte-parole de la Croix-Rouge. "Il faut mettre en œuvre l'aide humanitaire d'urgence, la déployer dans tout ce territoire malgré le mauvais état des routes, définir des points d'accès pour les populations, faire rentrer du personnel humanitaire qualifié pour le secours en situation de conflit armé."
Toutefois, cette aide est soumise à conditions. "Israël n'empêchera pas l'aide humanitaire depuis l'Egypte tant qu'il s'agit de nourriture, d'eau et de médicaments pour la population civile dans le sud de la bande de Gaza", assure dans un communiqué le bureau du Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou.
Israël a par ailleurs précisé que cette aide ne transiterait pas par son territoire, tant que les otages détenus par le Hamas ne seront pas libérés. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle elle transitera exclusivement par l'Egypte. Mais "si le Hamas s'en saisit, ou ne les laisse pas passer (...) alors ce sera fini", a prévenu le président américain. Joe Biden a ajouté que ce convoi ne serait qu'un début. "Nous voulons faire passer autant de camions que possible. Il y en a, je crois, 150 environ", a-t-il affirmé, avant de préciser que l'entrée d'un second convoi dépendrait aussi de la façon dont se déroule la distribution du premier.
4 Pourquoi l'opération prend-elle autant de temps ?
Pour l'heure, aucun des chargements acheminés en Egypte n'a pu entrer sur le territoire gazaoui. A cause de l'absence d'accord sur l'envoi de l'aide humanitaire entre Le Caire et Tel-Aviv. Mais aussi à cause du mauvais état des routes. Ainsi, le chef de la diplomatie égyptienne admet que le passage de l'aide "requiert de l'organisation". Cité par TF1, Sameh Choukri assure que "la route permettant l'acheminement de l'aide entre Gaza et le point de passage de Rafah a été détruite" après plusieurs bombardements israéliens du côté palestinien de la frontière. Par ailleurs, depuis qu'Israël a fermé ses postes-frontières pour les biens et les personnes, seul le poste de Rafah, vers l'Egypte, est ouvert, mais il a été visé par plusieurs frappes par les Israéliens depuis le début du conflit.
En attendant, les palettes d'aide sont stockées dans des entrepôts d'Al-Arich, le chef-lieu du Nord-Sinaï, explique Ahmed Ali, du Croissant-Rouge égyptien, à l'AFP. Et dès que le feu vert sera donné, ajoute-t-il, 250 volontaires se tiennent prêts à les transporter à la frontière.
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