Guerre Israël-Hamas : le chargé d’affaires à l’ambassade d’Israël en France conditionne un retour de l’électricité à Gaza à l'accès aux otages par la Croix-Rouge

"On ne va pas fournir de l'électricité utilisée, entre autres, pour faire marcher toute l'industrie de l'armement du Hamas", a expliqué Raphael Morav, jeudi sur franceinfo.
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Une voiture de la Croix-Rouge internationale, à Gaza, le 13 octobre 2023. (ASHRAF AMRA / AFP)

Raphael Morav, chargé d’affaires à l’ambassade d’Israël en France, a conditionné jeudi 19 octobre sur franceinfo un retour de l’électricité dans le nord de la bande de Gaza à la possibilité pour la Croix-Rouge internationale de rendre visite aux otages qui sont entre les mains du Hamas. "Puisqu'on parle de droit humanitaire, il faut que la Croix-Rouge puisse avoir accès et visiter ces otages. C'est le minimum requis sur le niveau humanitaire", a-t-il déclaré.

L'armée israélienne a affirmé lundi que 199 otages étaient retenus par le Hamas, des Israéliens, des étrangers et des binationaux. Le Hamas de son côté a revendiqué lundi soir "200 à 250 otages" et fait état de 22 otages tués dans des raids aériens de l'armée israélienne depuis le début de la riposte. Par ailleurs, Raphael Morav a réaffirmé que Israël n'était pas responsable de la frappe sur l'hôpital de Gaza : "Il n'y a aucun doute, les preuves sont irréfutables", dit-il. Il a rejeté l'idée d'une enquête internationale : "Ça n'a aucun sens. On ne va pas rentrer dans ce jeu d’allégations", a-t-il affirmé.

>> Guerre entre Israël et le Hamas : "On est en situation de besoins humanitaires ultimes" à Gaza, alerte Jean-François Corty de Médecins du monde
 
franceinfo : Votre gouvernement autorise l'entrée de l'aide humanitaire à Gaza via l'Égypte. À partir de quand cette aide sera acheminée ?
Raphael Morav : À partir du moment où la frontière est ouverte. Ça peut démarrer dans les heures à venir. Le problème, c'était surtout l’Égypte qui ne souhaitait pas ouvrir la frontière, car elle craignait que des Gazaouis rentrent sur son territoire dans le Sinaï. C’était surtout cela qu'il fallait régler.

Il y a une part importante des opinions publiques qui considère qu'Israël est responsable de la catastrophe humanitaire en cours à Gaza. Qu'est-ce que vous répondez ?
N'oublions pas premièrement qu'il y a 199 otages confirmés qui sont dans les mains du Hamas dans des conditions déplorables. La Croix-Rouge n'a pas eu accès à eux pour voir dans quelles conditions ils sont. Il y a des dizaines de milliers d'Israéliens qui ont été évacués de leurs villages et villes en Israël à cause des tirs de roquettes sur leur maison, et pas seulement le long de la bande de Gaza. Il faut voir l’ensemble de la situation humanitaire et pas seulement un seul côté. Le problème humanitaire dans la bande de Gaza a été créé par le Hamas. 

"Nous avons eu une guerre imposée par le Hamas et des groupes terroristes qui viennent de la bande de Gaza sans aucune provocation ou prétexte ou raison de notre part. Maintenant ils doivent assumer la responsabilité de la situation."

Raphael Morav, chargé d’affaires à l’ambassade d’Israël en France

sur franceinfo

Allez-vous donner accès à l’eau et électricité aux deux millions de personnes vivant à Gaza ?
On ne va pas ravitailler notre ennemi. Est-ce que vous attendez qu'un pays ravitaille son ennemi ? Est-ce que ça vous paraît raisonnable ? Non ! On ne va pas fournir de l'essence au Hamas pour pouvoir continuer à l'utiliser pour ses propres moyens militaires. On ne va pas fournir d'électricité qui est utilisée, entre autres, pour faire marcher toute l'industrie de l'armement du Hamas dans la bande de Gaza. L’eau est fournie dans la partie sud de la bande de Gaza. Comme vous le savez bien, nous demandons à la population d'évacuer pour éviter le maximum possible de pertes humaines.

Quelles conditions posez-vous pour le rétablissement de l'électricité ?
Premièrement, il y a le problème des otages qui n'est pas le problème que d’Israël. Il y a 43 nationalités différentes qui sont impliquées. Ce sont des ressortissants qui sont dans les mains du Hamas. Il faut premièrement puisqu'on parle de droit humanitaire, que la Croix-Rouge puisse avoir accès et visiter ces otages. C'est le minimum requis sur le niveau humanitaire.

Il n'y a absolument aucun doute pour vous, l’armée israélienne n'a aucune responsabilité dans le bombardement de l’hôpital de Gaza ?
Il n'y a aucun doute, les preuves sont irréfutables. Il s'agit simplement de regarder là où est tombé ce tir manqué. Il n'y a aucun cratère. Si c'était un tir de missile, vous auriez vu un cratère d'au moins un mètre sur ce parking de l’hôpital.

Acceptez-vous la proposition de l'Autorité palestinienne, qu'il y ait une enquête indépendante de la Cour pénale internationale ?
Ça n'a aucun sens. On ne va pas rentrer dans ce jeu d’allégations. Ceux qui veulent voir les faits, les voient. Même s'il y a une enquête, on va dire "oui, mais ce n'est pas complet". Le narratif est déjà là. Les gens ont inventé leurs allégations sans présenter aucune preuve jusqu'à maintenant. On ne va pas rentrer dans ce jeu de fake news qui complique encore plus la situation.

"Ne faites pas les mêmes erreurs que nous" après le 11 septembre 2001. Comment comprenez-vous l’avertissement de Joe Biden ?
On va faire tout ce qui est nécessaire pour éviter des pertes. C'est la raison pour laquelle, en fait, l'incursion n'a pas encore commencé. On fait tout notre possible également pour éviter les pertes civiles. C'est pour ça qu'on a envoie des tracts en arabe et on demande l’évacuation sur les réseaux sociaux. Tout ça pour éviter des pertes humaines. Et après ? Après on sait que si on veut la paix, ce n’est pas compatible avec le terrorisme. Il faut éliminer toutes les forces terroristes de la bande de Gaza

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