"Je suis gênée d'être devenue une icône malgré moi" : rencontre avec Rima Hassan
Mathilde Panot et Rima Hassan doivent s'expliquer devant la police ce mardi 30 avril à Paris. La cheffe de file des députés insoumis et la juriste d'origine palestinienne et 7e sur la liste LFI pour les élections européennes sont convoquées pour "apologie du terrorisme", après leurs propos qualifiés d'"ambigus" sur l'attaque du Hamas contre Israel le 7 octobre. Des convocations qualifiées de "censure" par La France insoumise qui appelle à un rassemblement de soutien.
franceinfo a rencontré Rima Hassan, cette femme qui cristallise les attaques des adversaires des insoumis et dont le parti fait un étendard pro-Palestine. "Je suis gênée d'être devenue une icône malgré moi", glisse tout de suite Rima Hassan, avec un large sourire. Elle se présente avec plus de trente minutes de retard, la faute à un emploi du temps surchargé s'excuse celle qui prend beaucoup la lumière dans cette campagne à gauche.
Un engagement de toujours
À tout juste 32 ans, elle vit son premier engagement politique, après des années de militantisme pour la cause palestinienne qui l'ont révélée aux yeux de la France insoumise.
Rima Hassan naît en 1992 dans un camp de réfugiés en Syrie, au sein d'une famille de Palestiniens en exil. Arrivée en France en 2001 dans les Deux-Sèvres, elle est apatride jusqu'en 2010 avant d'être naturalisée. Sa mère voulait qu'elle devienne médecin. Elle choisit le droit et rédige un mémoire sur la comparaison juridique entre l'Afrique du Sud de l'Apartheid et Israël.
Elle passe ensuite six ans à la cour nationale du droit d'asile, cette juridiction qui examine les recours des demandeurs d'asile. Elle lance ensuite l'observatoire des camps de réfugiés, en résonance avec son histoire personnelle. Aujourd'hui, les Insoumis ont fait de Rima Hassan une pièce maîtresse dans la campagne des européennes.
Étendard pro-Palestine pour LFI
Jean-Luc Mélenchon ne s'affiche plus sans elle, elle est mise en avant dans les meetings... Elle a la voix posée et est aussi à l'aise sur l'estrade que pour répondre aux nombreuses demandes de selfies. Un cadre de Renaissance s'énerve quand on lui parle de Rima Hassan. "Ce sont des élections européennes, pas une cantonale à Gaza", évacue-t-il avant de tacler les propos de la juriste sur le 7 octobre. "Le Hamas a commis des actes terroristes", répète Rima Hassan. La candidate porte souvent un pin's aux couleurs de la Palestine sur sa veste, mais promet pourtant qu'elle n'a jamais voulu être enfermée dans ce sujet.
Le juriste a été notamment critiquée pour avoir dit, dans une interview accordée fin novembre au média Le Crayon, sur Instagram, qu'il était "vrai" que le Hamas mène une action légitime. L'intéressée dénonce un montage trompeur de sa réponse. Dans un communiqué commun publié avec elle lundi 29 avril, Le Crayon indique avoir remis "l'intégralité de cet entretien" à la candidate "afin qu'elle puisse s'en prévaloir dans le cadre exclusif des actions judiciaires qu'elle aura à mener". Convoquée par la police pour "apologie du terrorisme", Rima Hassan déplore "une criminalisation des voix qui s'expriment sur la question palestinienne", tout en reconnaissant que "les enquêteurs font simplement leur travail" après les "recours abusifs" d'organisations pro-israéliennes.
Le député insoumis David Guiraud, un des artisans de son débauchage, vante sa pédagogie, sa discipline. "Elle a du talent, du panache même", concède du bout des lèvres un ténor socialiste. "Sans le 7 octobre, elle ne serait pas sur la liste", tacle un autre. "C'est vrai", assume Rima Hassan, avant de conclure : "L'urgence à Gaza m'a poussée à m'engager".
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