L'attentat contre une synagogue à Jérusalem "est un événement tragique à resituer dans le contexte d'une escalade de la violence" selon un expert
"Pour les Palestiniens, il y a eu une sorte de quasi égalité, l'humiliation est lavée", a expliqué samedi 28 janvier sur franceinfo Dominique Moïsi, conseiller spécial de l'Institut Montaigne, après la fusillade vendredi près d'une synagogue de Jérusalem-Est qui a fait au moins sept morts.
franceinfo : Ce n'est pas la première fois qu'il y a une attaque à Jérusalem. Pourquoi celle-là choque-t-elle particulièrement ?
Dominique Moïsi : Le nombre de victimes, le calendrier. Cela fait directement suite au nombre de victimes Palestiniennes la veille. En termes de calendrier, c'est le jour où l'on commémore l'Holocauste et il y a ce contraste extraordinaire entre le fait que pour la première fois, avec les accords d'Abraham (deux traités de paix entre Israël et les Émirats arabes unis), on commémore le jour de l'Holocauste à Abou Dhabi.
Cette attaque a lieu après plusieurs jours de grandes tensions entre Israéliens et Palestiniens. Est-ce dû à l'arrivée au pouvoir de cette coalition droite – extrême droite en Israël ?
C'est sûrement un facteur additionnel mais ce n'est pas un point de départ. Ce qui s'est passé hier est un évènement tragique mais que l'on doit resituer dans le contexte d'une escalade de la violence tout au long de l'année 2022, qui a été une des plus sanglantes du côté israélien et du côté palestinien, avant l'arrivée au pouvoir de cette coalition.
Que peut-il se passer maintenant ?
Du côté palestinien, il y a cette mathématique tragique : on a fait 7 morts israéliens, ils nous avaient fait 9 morts, il y a presque une égalité. Le plus souvent c'est un ratio de 10 morts palestiniens contre un mort israélien. Pour les Palestiniens, il y a eu une sorte de quasi égalité, l'humiliation est lavée. Avec les accords d'Abraham, on a progressé de manière spectaculaire dans la paix entre certains États arabes et Israël, mais pas dans la paix entre la société arabe et Israël. Les accords ont délibérément laissé de côté la question palestinienne. L'Arabie saoudite serait prête à rejoindre ces accords, mais exclusivement le jour où il y aurait une solution qui aurait été trouvée pour la question palestinienne.
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