Récit Attaque de l'Iran contre Israël : la nuit où Téhéran a ciblé pour la première fois le sol de l'Etat hébreu

Plus de 300 drones et missiles ont été tirés dans la nuit de samedi à dimanche par l'Iran, dans ce qui constitue une escalade sans précédent des tensions entre les deux pays.
Article rédigé par franceinfo
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Des explosions se produisent dans le ciel de Tel-Aviv, le 14 avril 2024, alors que l'Iran a lancé une attaque de drones et des missiles contre Israël. (MOSTAFA ALKHAROUF / ANADOLU / AFP)

La nouvelle a été annoncée en direct à la télévision israélienne peu après 23 heures (22 heures à Paris), samedi 13 avril. "L'Iran a lancé des drones depuis son territoire en direction d'Israël", a déclaré le porte-parole de l'armée, Daniel Hagari. Quelques minutes plus tôt, le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, avait assuré que son pays s'était préparé à "l'éventualité d'une attaque directe de l'Iran" et était "prêt à faire face à n'importe quel scénario, tant en matière de défense que d'attaque".

La menace iranienne d'une attaque directe contre Israël, évoquée depuis plusieurs jours par les Etats-Unis, a donc été mise à exécution. C'est par une pluie de plus de 300 drones et missiles de croisière, selon l'armée israélienne, que Téhéran a choisi de répondre au bombardement, le 1er avril, de son ambassade à Damas, en Syrie.

Des tirs de toutes parts

Sur les réseaux sociaux, de premières images ont montré des drones fendre le ciel en Iran, mais aussi en Irak, en direction d'Israël. Dans le même temps, le Hezbollah et les rebelles houthis, alliés de Téhéran au Liban et au Yémen, ont déclaré mener, eux aussi, des attaques de roquettes ou de drones.

Face à l'opération iranienne, baptisée "Promesse honnête" par l'Iran, Benyamin Nétanyahou a immédiatement réuni son cabinet de guerre. Aidée par les forces américaine et britannique, l'aviation israélienne s'est déployée au-dessus des pays frontaliers pour détruire un maximum de drones. Tous n'ont pas été interceptés, puisque vers 2 heures du matin, heure locale, le Dôme de fer entrait en action, détruisant la plupart des drones entrés dans le ciel israélien, pendant que les sirènes retentissaient à Jérusalem et dans de nombreuses villes.

Selon le Magen David Adom, les services de secours israéliens, seule une jeune fille originaire d'un village bédouin près d'Arad (sud d'Israël) a été sérieusement blessée par des débris après l'interception d'un drone iranien, a notamment rapporté le Wall Street Journal

Une pluie de condamnations contre l'attaque

Au milieu de la nuit, l'armée a souligné que l'attaque était toujours en cours, mais que "la grande majorité" des projectiles iraniens avait été interceptée par Israël. Un ou plusieurs d'entre eux sont toutefois parvenus à atteindre leur cible : une importante base aérienne dans le désert du Néguev, faisant de "sérieux dégâts" selon l'agence officielle iranienne, "des dégâts mineurs" selon Tsahal.

Dans les minutes ayant suivi le début de l'opération, le Guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a publié sur X un message affirmant : "Le régime diabolique va être puni". En Iran, plusieurs milliers de personnes se sont réunies dans les principales villes du pays, brandissant des drapeaux de la république islamique ou du Hezbollah, aux cris de "Mort à Israël" et "Mort à l'Amérique".

"Notre engagement en faveur de la sécurité d'Israël face aux menaces de l'Iran et de ses relais [dans la région] est inébranlable", a écrit de son côté Joe Biden sur le réseau social X, en postant une photo d'une réunion d'urgence avec son équipe chargée de la sécurité nationale à la Maison-Blanche.

Les réactions de la communauté internationale ne se sont pas fait attendre, Londres condamnant une attaque "dangereuse", la France estimant que l'Iran avait franchi "un nouveau palier dans ses actions de déstabilisation" et pris "le risque d'une escalade militaire". L'attaque de l'Iran pourrait "plonger toute la région dans le chaos", selon Berlin, tandis que l'UE, par la voix de Josep Borrell, le président de la Commission européenne, a condamné "fermement" une attaque "inacceptable" constituant "une escalade sans précédent et une menace grave à la sécurité régionale".

Dans un message posté dans la soirée, la mission de l'Iran auprès de l'ONU a exhorté les Etats-Unis à "rester en dehors" du conflit. Confirmant que l'attaque "était une réponse à l'agression du régime sioniste sur nos services diplomatiques à Damas", ce message ajoute que "l'affaire peut être considérée comme conclue", sauf en cas "de nouvelle erreur du régime d'Israël".

Niveau d'alerte maximal

Comme cela avait été annoncé samedi soir par l'armée israélienne, les établissements scolaires du pays resteront fermés dimanche et lundi. Les rassemblements en extérieur sont toujours limités à 1 000 personnes. Si Israël ne s'attend plus à de nouveaux tirs de drones ou de missiles, le pays restait en état d'alerte dimanche matin.

L'armée israélienne assure que "99% des menaces lancées contre Israël dans la nuit de dimanche ont été interceptées" et évoque 30 missiles de croisière et plus de 120 missiles balistiques. Tsahal s'est aussi empressée de publier sur Telegram des vidéos de la base aérienne de Nevatim, visée par l'Iran, afin de montrer que des avions de combat continuaient d'y atterrir et d'en décoller. 

Alors que le Conseil de sécurité de l'ONU se réunit dimanche, tout comme les pays du G7 à la demande des Etats-Unis, tous les regards sont tournés vers le pouvoir israélien et de possibles représailles à l'attaque iranienne, face à un régime qui développe ses capacités nucléaires. "L'incident n'est pas terminé, d'autres menaces se profilent à l'horizon...", a alerté Daniel Hagari, le porte-parole de l'armée. "Le chef d'état-major [de Tsahal] a approuvé des plans pour l'avenir proche. L'Iran a commis un acte grave en poussant le Moyen-Orient vers l'escalade", a-t-il par ailleurs dénoncé, sans précision sur les "plans" en question.

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