Reportage Combats, problèmes logistiques et détournements... A la frontière entre Israël et Gaza, ces questions qui s'accumulent sur l'aide humanitaire

Si de nombreuses voix insistent pour qu'Israël permette l'acheminement de davantage d'aide humanitaire, et notamment de nourriture, dans la bande de Gaza, côté Israélien, on répond qu'il ne suffit pas de faire passer des camions en nombre pour que les Gazaouis puissent en profiter.
Article rédigé par Eric Biegala - Alexandre Abergel
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Kerem Shalom est l'unique point de passage ouvert entre Israël et la bande de Gaza. (JACK GUEZ / AFP)

Une forte explosion dans le lointain : la guerre à Gaza n'est qu'à quelques centaines de mètres, mais ici à Kerem Shalom, l'unique point de passage ouvert entre Israël et la bande de Gaza, c'est l'aide humanitaire qui passe, un camion après l'autre... Tous les chargements sont inspectés dans le détail, explique le colonel Moshe Tetro, chef pour Gaza de l'organe du ministère de la Défense israélien supervisant les activités civiles dans les Territoires palestiniens (Cogat). "Ces camions que vous voyez viennent d'entrer depuis l'Egypte il y a deux minutes. Ils vont passer par les vérifications de sécurité via le scanner, qui est derrière ces murs. Ensuite, on décharge les marchandises et les camions des organisations humanitaires les prendront et les distribueront dans la bande de Gaza", détaille-t-il.

Aller jusqu'à doubler le volume d'aide humanitaire envoyé à Gaza ne poserait pas de problème, assure la partie israélienne : le poste de Kerem Shalom dispose de l'espace, du personnel et des engins pour ce faire. Le problème c'est ensuite : l'acheminement final.

Quelque 7 600 chargements humanitaires sont entrés dans la bande de Gaza depuis le 21 octobre. (JACK GUEZ / AFP)

Le Programme alimentaire mondial a dû ainsi abandonner trois convois importants ces derniers jours afin d'alimenter le nord de l'enclave. Les combats interdisaient le passage des camions. Visiblement, les pauses tactiques de l'armée israélienne ne sont pas toujours respectées. Et puis, il y a encore le manque de moyens réels des agences onusiennes, souligne le colonel Tetro.

"Pas assez de personnel, pas assez de camions... Nous, on fait passer plus de 200 camions par jour ! Le problème est de savoir si, de l'autre côté, ils peuvent gérer ça"

Moshe Tetro

à franceinfo

"Le Hamas a volé du matériel humanitaire"

Aux problèmes logistiques dans la bande de Gaza, s'ajoute le Hamas lui-même qui n'hésite pas à faire main basse sur les chargements, selon le colonel Olivier Rafowicz, porte-parole de l'armée israélienne. "Le Hamas a essayé de voler et a volé du matériel humanitaire dans des camions. Ils se sont mis sur des camions avec des armes automatiques et ont tiré en l'air pour que la foule s'écarte. Ça a été filmé. Ils ont tué un enfant et les Palestiniens qui voulaient s'approcher de l'enfant ont dû se cacher parce que le Hamas tirait", raconte-t-il.

7 600 chargements humanitaires sont entrés dans la bande de Gaza depuis le 21 octobre. Mais entre la poursuite des combats dans les soi-disant corridors humanitaires, les problèmes logistiques des agences onusiennes et les détournements, nombre de Gazaouis n'en ont toujours pas vu la couleur.

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