: Reportage "Il regarde les enfants de Gaza se faire tuer" : en Cisjordanie, des Palestiniens réclament le départ de Mahmoud Abbas
"Il regarde les enfants de Gaza se faire tuer. Il les regarde se faire bombarder !" La manifestation contre les bombardements israéliens sur la bande de Gaza, mercredi 18 octobre à Hédon, en Cisjordanie, s'est rapidement transformée en rassemblement contre Mahmoud Abbas. Najib, une trentaine d'années, n'a pas de mots assez durs pour celui que l'on surnomme Abou Mazen. "Pendant ce temps, il rit avec les Américains. Il a vendu la cause palestinienne." Des centaines de Palestiniens de Cisjordanie ont également manifesté à Ramallah et Naplouse.
>> Explosion d'un hôpital à Gaza : en Cisjordanie, la colère des Palestiniens contre "l'injustice"
Dans la foule, on trouve de nombreux jeunes portant un keffieh autour du cou. Ils n'ont connu que la présidence de Mahmoud Abbas, au pouvoir depuis 2005. "Nous avons besoin d'un président qui lutte pour notre libération, pas de quelqu'un qui ne pense qu'à l'argent, ajoute Najib. Nous avons besoin de quelqu'un qui se tient aux côtés de Gaza, aux côtés de son peuple, un président qui libérerait la Palestine. Nous voulons un président qui ne laisserait pas faire ce qui se passe actuellement à Gaza."
Les slogans scandés par les manifestants rappellent ceux du Printemps arabe de 2011. "Ce que nous voulons, c'est que le président soit destitué car Abou Mazen est contre la résistance alors que nous, nous voulons résister, lance Marwan, 20 ans, qui rêve de changement. Il n'aime pas le Hamas, mais nous, nous voulons l'unité nationale."
"Abou Mazen doit partir. Ça fait 20 ans qu'il est au pouvoir et qu'il travaille pour les Israéliens, lui et sa clique. Nous sommes tous des résistants. Et si on organisait des élections, c'est le Hamas qui gagnerait, si Dieu le veut."
Youssef, un manifestant palestinien à Hébronà franceinfo
Quelque chose a changé depuis le 7 octobre et l'attaque sanglante du Hamas dans le sud d'Israël. Désormais, certains manifestants ne cachent plus leur admiration pour le mouvement islamiste. "Le Hamas, c'est la base, assume Youssef. Tout le monde ici aime le Hamas. Abou Mazen ne représente aucun Palestinien, ici et partout dans le monde. Il ne représente que lui-même."
Avec cette attaque sans précédent du 7 octobre, le Hamas a accéléré la marginalisation de l'Autorité palestinienne et de son président Mahmoud Abbas. Mais il reste difficile d'évaluer le poids électoral du parti islamiste, faute d'élections nationales depuis 18 ans.
Lancez la conversation
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.