Reportage "On sent la guerre venir" : dans le nord d'Israël, les habitants choqués par l'intensification des échanges de tirs avec le Liban

Les frappes israéliennes et les ripostes libanaises continuent lundi, plongeant la population civile dans un climat de menaces et d'incertitude.
Article rédigé par franceinfo - William de Lesseux
Radio France
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Temps de lecture : 2 min
Un immeuble de Kyriat Bialik, dans le district d'Haïfa dans le nord d'Israël, endommagé par une roquette envoyée depuis le Liban, le 22 septembre 2024. (JACK GUEZ / AFP)

Les échanges de tirs aériens se font de plus en plus intenses des deux côtés et les mots se font plus durs. La guerre entre Israël et le Hezbollah au Liban entre dans une "nouvelle phase" a assuré l’un des chefs du mouvement islamiste à Beyrouth, celle d’un "règlement de compte ouvert". Israël peut "atteindre quiconque" menace ses citoyens, avertit le chef de l’armée israélienne. Avec les possibles frappes du Hezbollah au nord d’Israël, les écoles restent fermées lundi 23 septembre. Signe d’un conflit plus intense, des roquettes passent au travers du dôme de fer israélien, comme à Kiryat-Bialik au nord d’Haïfa.

Les secours évaluent les dégâts autour du lieu où la roquette est tombée entre deux maisons, où trois habitants ont été blessés. Juste à côté, le souffle a brisé les vitres de l’appartement de Shir : "Mes enfants ont eu très peur, moi ça va mais je reste choquée. Mais on a l’habitude. On est nés comme ça, on a grandi comme ça, et on mourra peut-être comme ça."

À présent, la jeune femme craint d’autres frappes : "Tout le temps je disais à mon mari 'ne t’inquiète pas, ça n’arrivera pas, ça ne peut pas arriver'… Et aujourd’hui c’est ce qui s’est passé. On se dit qu'après ça que la sécurité n’est garantie pour personne."

"J'ai carrément tout vu au-dessus de ma tête."

Simon, commerçant à Kyriat Bialik

à franceinfo

Le centre commercial d'à côté est d’un calme inhabituel depuis l’explosion. "J'ai tout vu et tout entendu, rapporte Simon, commerçant, Français d'origine et qui habite la ville depuis 28 ans. Cette tension comme maintenant, c'est la première fois. Là, on sent la guerre venir, Ça se dégrade tous les jours. Donc Israël attaque plus fort et, eux, ils ripostent plus fort. Nous, on attaque encore plus fort. C'est une situation impossible." La roquette est tombée, raconte-t-il, à 30 mètres de la maison d’un ami.

"On ne va pas rester ici, ce n'est pas possible"

Ce climat d’incertitude, de menaces touche aussi l’économie et son commerce de vente de cuisines. "La vie est très difficile et la tension est trop haute. On ne sait pas ce qui va se passer dans une heure, on ne peut pas savoir", confie Simon, qui se pose beaucoup de questions depuis le 7 octobre.

Cette frappe l’a convaincu de partir, de quitter Israël. "Je ne crois pas que le Hezbollah va se plier et partir, ils veulent nous détruire. Eux, ils veulent détruire Israël, ils s'en foutent. On n'a pas le choix, On ne va pas rester ici, ce n’est pas possible. Je compte aller m'installer aux États-Unis. Mon fils m'a acheté un appartement là-bas, donc j'ai déjà acheté des billets", explique-t-il.

Ceux qui restent sont nombreux à faire allusion à une année, 2006, la guerre ouverte entre le Liban et Israël avait alors duré plus d’un mois.

Le reportage de William de Lesseux dans le nord d'Israël

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