: Témoignage "Ils tiraient sur tous ceux qui essayaient de bouger" : un infirmier de MSF raconte comment il s'est retrouvé piégé à Gaza
Mohammed est infirmier pour Médecins sans frontières. Il a épaulé ses confrères dans le principal hôpital de Gaza, al-Chifa, au début de la guerre, mais il s'est retrouvé piégé le 11 novembre quand l'armée a encerclé l'établissement. "Tous les immeubles autour de l'hôpital al-Chifa étaient attaqués. On est au milieu du champ de bataille. Si on avait essayé de bouger, on se serait fait tirer dessus. Ils tiraient sur tous ceux qui essayaient de bouger. Tous. Il n'y a pas d'exception, même pour un membre de MSF."
Avec ses quatre enfants et une vingtaine de personnes, l'infirmier est alors confiné dans la clinique de MSF. Elle est proche d'al-Chifa, dans l'épicentre de l'offensive. À tel point qu'il faut casser un mur pour tenter d'assurer la sécurité du groupe. "On a fait un trou dans le mur de la clinique pour passer dans l'immeuble voisin. Au rez-de-chaussée, il n'y avait plus personne dans le bâtiment. On s'y est installé pour se protéger. Parce que dans la clinique de MSF, toutes les fenêtres étaient cassées. On avait les tanks, les snipers de l'armée tout près, juste en face de nous. C'était effrayant de rester là."
"J'ai vu un soldat, très loin, et les coups de feu ont commencé"
Pendant des jours, les médecins, les familles doivent survivre sans stock de nourriture, sans électricité, sans eau. "Vous savez, les poches de glace des hôpitaux : on a coupé le plastique et on a bu l'eau qui est à l'intérieur. On n'avait pas d'eau. On a fait tellement de choses pour survivre."
Il y a dix jours, pendant les heures de trêve, le groupe tente une sortie. Mais le convoi de cinq voitures siglées est refoulé par les Israéliens, puis visé par des tirs qui font un mort et un blessé. "Quand on est revenus, avant le coup de feu, j'ai vu un bulldozer et un tank. J'ai vu un soldat, très loin, et les coups de feu ont commencé." Aujourd'hui, MSF mène une enquête pour tenter d'établir la provenance de ces tirs. Mohammed et les autres ont finalement pu descendre à pied vers le sud de Gaza samedi 25 novembre, grâce à la trêve. Son récit conforte d'autres témoignages sur la violence, y compris contre les civils, de l'offensive israélienne autour de l'hôpital al-Chifa.
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