Témoignage Bande de Gaza : "L'hôpital est submergé par le nombre de victimes", décrit l'urgentiste Raphaël Pitti

Pendant son séjour dans l'enclave palestinienne, l'urgentiste nous a envoyé des notes vocales pour témoigner de l’état désastreux dans lequel se trouve Gaza.
Article rédigé par franceinfo
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L'urgentiste Raphael Pitti (au centre)  en Syrie, le 20 février 2023. Photo d'illustration. (OMAR HAJ KADOUR / AFP)

Il est l’une des figures de la médecine de guerre. L’urgentiste Raphaël Pitti revient mardi 6 février de la bande de Gaza où il a passé presque 15 jours dans un hôpital entre Rafah et Khan Younes pour deux associations : Palmed et Mehad.

Le camp de base de Raphaël Pitti à Gaza était situé à l’hôpital Européen. Des espèces de tentes ont été sommairement installées dans les couloirs. L’endroit ressemble à une cour des miracles, à la fois lieu de soin et refuge pour des milliers de familles. "Cette confusion est terrible, raconte l'urgentiste. L'hôpital est submergé par le nombre de blessé, de victimes et de malades. Il y a 400 places, ils sont 900."

"Il y a un manque d'hygiène terrible dans l'hôpital"

Dans les notes vocales et les vidéos que Raphaël Pitti envoie. Il décrit une médecine du dénuement, qui se fait à même le sol, dans des conditions critiques pour les dizaines de milliers de blessés : "Il y a un manque d'hygiène terrible dans l'hôpital. Il y a beaucoup d'infections, et même si certains malades sont opérés avec la volonté de leur conserver leur membre, dans les jours qui suivent, il y a une infection des os qui oblige à l'amputation."

Autour de lui, le médecin de guerre sent les bombardements se rapprocher alors que la situation à Rafah n’est quasiment plus tenable : "La ville est dans une situation totalement désespérante, il n'y a pratiquement plus aucune place." À Rafah dans ce que montre Raphaël Pitti, Les rues sont bondées, et la nourriture reste inaccessible essentiellement à cause des prix.

"On trouve de la nourriture mais cela coute très cher. Le prix de l'œuf avoisine pratiquement l'euro, personne ne peut en avoir.

Raphaël Pitti, urgentiste

à franceinfo

Et cela crée des tensions extrêmes dans une société qui était jusque-là habituée à la solidarité. "Très vite les bagarres explosent, raconte Raphaël Pitti. Il y a quelques voleurs à la sauvette qui se font attraper et il y a tout une foule qui leur saute dessus. C'est arrivé il y a quelques jours où il y a quelqu'un qui a été surpris en train d'essayer de voler : toute une foule lui a couru derrière pour essayer de le lyncher." Raphaël Pitti estime que Gaza est l’une des pires situations humanitaires qu’il ait traversé, ce qu’il décrit ressemble à l’effondrement d’une société.

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