Témoignage "Or a été assassiné à 6h49 de six balles dans la tête" : un an après le 7-Octobre, la colère de cette habitante d'un kibboutz, qui a perdu son fils aîné et son mari

Un an après les attaques du 7-Octobre, Sabine Tassa tente de surmonter la douleur avec ses plus jeunes fils.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Les décombres du kibboutz Netiv HaAsara après le massacre du 7 octobre 2023. (RONALDO SCHEMIDT / AFP)

Comment survivre aux traumatismes du 7-Octobre ? Sabine Tassa est Franco-israélienne. Le jour du massacre, elle était chez elle, à Netiv HaAsara, le kibboutz le plus proche de la frontière avec Gaza, au nord de l’enclave. En quelques heures, elle a perdu son mari et son fils aîné. Il lui reste ses plus jeunes garçons dont deux ont été gravement blessés et traumatisés.

En une année, Sabine Tassa est passée d’une infinie tristesse, à une profonde rage : "Je n'ai peur de personne. Et moi, je vais montrer à tout le monde la vérité !" La "vérité" que Sabine raconte et montre à qui veut bien l’entendre, c’est, pour cette veuve, l’insoutenable vidéo du corps de son aîné, Or, retrouvé le matin du 7 octobre, sur la plage de Zikim : "Or a été assassiné à 6h49 de six balles dans la tête. Tout a été filmé par les terroristes. Ils ont tout mis sur Facebook." 

"Tout le monde savait que mon fils Or a été assassiné. Moi, comme je n'avais pas de connexion, j'étais la dernière à le savoir."

Sabine Tassa

à franceinfo

"Et il explose devant les garçons"

Trente-six minutes plus tard, le mari de Sabine, Gil, se réfugie dans un abri du kibboutz avec ses deux plus jeunes fils de 13 et 9 ans, Koren et Shay : "Gil a été assassiné. En fait, il a explosé avec une grenade à 7h25."

Gil s’est en réalité sacrifié pour sauver les deux garçons : "Ils viennent vers lui et immédiatement, ils jettent une grenade. Ils savent qu'il y a deux petits garçons là-bas parce qu'ils entendent les garçons pleurer. Gil prend la grenade. Il dit à Koren et à Shay : 'Je vous aime.' Il met la grenade sur son ventre pour essayer de sortir et voir s'il arrive à s'en débarrasser avant qu'elle explose. Et il explose devant les garçons...", raconte la mère de famille.

Les blessures physiques et psychologiques sont profondes. Sabine a depuis un an, mis sa vie entre parenthèses, pour s’occuper de ses petits : "Shay est resté aveugle d'un œil. Il est blessé partout, il est plein de cicatrices. Il est très traumatisé. Si je ne suis pas deux ou trois heures à la maison, il commence à paniquer. Koren ne regarde pas les gens dans les yeux, il a perdu confiance. J'en ai marre : chaque jour, je vois des psys pour Shay, Koren.... C'est ça ma vie aujourd'hui."

Un drame personnel et familial, qui n’empêche pas Sabine de se projeter : "Dès que je pourrai retourner, je serai la première à retourner et je vais retourner à Netiv HaAsara." Elle veut vivre de nouveau dans son Kiboutz, avec ses fils, pour être au plus près d’Or et de Gil et continuer à honorer leur mémoire.

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