L'armée traquait lundi des "groupes terroristes armés" accusés d'être responsables des violences
L'armée syrienne mène une opération d'envergure pour mater la contestation dans le nord-ouest du pays. "Quelque 10 chars et 15 à 20 transports de troupes ont été déployés autour de la ville d'Abou Kamal" (est), située à la frontière irakienne, a affirmé lundi un militant des droits de l'Homme.
Mais lundi des réfugiés syriens en Turquie ont fait état de divisions au sein des forces de sécurité, accusant le régime d'avoir créé de toutes pièces les histoires des "groupes armés semant le chaos dans le pays" pour justifier leur répression des contestataires.
Dimanche, l'armée syrienne a pris le contrôle de Jisr al-Choughour, ville du nord-ouest, où elle menait une opération d'envergure. L'opposition a annoncé dimanche que la répression menée par le gouvernement du président Bachar al Assad avait entraîné la mort de 1.300 civils. La communauté internationale a condamné cette répression.
Des blindés et des hélicoptères de l'armée syrienne ont lancé une offensive dimanche à l'aube sur Jisr al-Choughour. La télévision d'Etat a fait état de combats avec des "membres d'organisations armées", ce que contestent les habitants, qui fuient la ville. Ceux-ci évoquent plutôt une mutinerie et un ratissage méthodique et sanglant.
Jisr al-Chougour, 50.000 habitants, est une ville stratégique sur la route reliant Alep, la deuxième ville syrienne, à Lattaquié, son principal port.
En reprenant la ville, les militaires affirment qu'ils ont découvert "une fosse commune" contenant les dépouilles des agents tués lors d'une attaque du QG de la Sécurité, le 6 juin. Selon Damas, 120 policiers ont été tués ce jour-là par des "groupes armés", dont 82 au QG.
Mais des opposants et des témoins ont contesté la version officielle, affirmant que les policiers ont péri lors d'une mutinerie.
Plus de 6.000 réfugiés en Turquie
Un grand nombre des 50.000 habitants de Jisr al-Choughour se sont réfugiés en Turquie, depuis que les violences ont éclaté depuis une semaine. Leur nombre qui ne cesse de croître, s'élevait lundi à 6.817, selon l'agence de presse Anatolie.
Le monde condamne la répression
Près de trois mois après le début de la révolte, le 15 mars, le régime de Bachar Al Assad paraît déterminé à mater dans le sang toute contestation.
Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a qualifié d'"inacceptable" l'usage de la force militaire fait par le régime syrien et s'est dit "profondément inquiet" des violences qui se poursuivent en Syrie.
La répression a aussi été qualifiée d'"atroce" par la Turquie et d'"effroyable" par les Etats-Unis.
La France tente depuis plusieurs semaines avec d'autres pays européens d'obtenir une déclaration du Conseil de sécurité de l'ONU. Elle se heurte jusqu'à présent à une menace de veto de la Russie.
La Maison Blanche avait haussé le ton samedi en appelant Damas "à cesser cette violence, et à donner au Comité international de la Croix-Rouge (CICR) un accès immédiat et sans entraves à cette région". Un accès "immédiat et illimité" pour la Croix-Rouge a été également exprimée dimanche par l'Italie et la France.
Lire aussi:
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.