L'ONU accorde à la Palestine le statut d'Etat observateur non membre
La Palestine a obtenu ce statut jeudi à l'Assemblée générale de l'ONU, avec 138 voix pour et 9 contre. C'est "l'acte de naissance de la Palestine", selon son président, Mahmoud Abbas.
PROCHE-ORIENT – Elle était "entité observatrice", elle monte en grade. La Palestine a été reconnue, jeudi 29 novembre, "Etat observateur" non membre des Nations unies, grâce à l'adoption d'une résolution en ce sens par l'Assemblée générale de l'ONU, avec l'aval de la majorité des 193 Etats membres (138 pour, 9 contre, 41 abstentions). Comme annoncé, la France a voté pour et Israël s'y est opposé, dénonçant "une erreur" qui risque "d'empirer" la situation au Proche-Orient, selon le ministre israélien de la Défense, Ehud Barak.
La Palestine possédait déjà le statut d'"observateur permanent", mais en tant que simple "entité". A ce titre, elle avait le droit "d’assister à la plupart des réunions et de consulter la documentation" de l'organisation. Elle disposait également déjà d'une représentation permanente au siège de l'ONU. Sa nouvelle stature internationale, qui donne aux Palestiniens accès à des agences de l'ONU et des traités internationaux, constitue une victoire diplomatique majeure.
Un premier pas pour les Palestiniens
Pour les Palestiniens, ce combat n'est qu'une première étape. L'objectif ultime de Mahmoud Abbas, le président de l'Autorité palestinienne, est la reconnaissance de l'Etat palestinien sur la scène internationale, via un statut d'Etat membre à part entière de l'ONU. Demandant la délivrance de "l'acte de naissance" de la Palestine, Mahmoud Abbas avait annoncé avant le vote qu'il s'agissait de "la dernière chance de sauver la solution à deux Etats" et promis de "tenter de ranimer les négociations" avec Israël.
A travers la Cisjordanie et la bande de Gaza, les Palestiniens célébraient jeudi par milliers leur nouveau statut, promesse "d'une vie meilleure" pour certains et "d'un véritable Etat palestinien" pour d'autres. Dans la soirée, sur la place Yasser-Arafat de Ramallah, une foule était rassemblée, bannières palestiniennes au vent, chantant et dansant. "Evidemment que je suis heureuse. Nous allons finalement devenir un Etat. Le changement sera peut-être lent sur le terrain, mais il viendra assurément", a affirmé avant le vote Rim Maloch, 26 ans, un drapeau peint sur la joue.
Inquiétude d'Israël et des Etats-Unis
Pour l'ambassadeur israélien à l'ONU, Ron Prosor, cette initiative "ne fait pas avancer la paix, elle la fait reculer". Il a affirmé qu'elle "ne changera pas la situation sur le terrain" – notamment parce que l'Autorité palestinienne "ne contrôle pas Gaza" – et qu'elle "ne donnera pas un statut d'Etat à l'Autorité palestinienne".
Il a rappelé la position d'Israël, ainsi que des Etats-Unis, selon laquelle des négociations directes "constituent la seule manière de parvenir à la paix par un accord mis au point par les parties concernées, et non par l'intermédiaire de l'ONU". L'ambassadrice américaine Susan Rice a affirmé que le vote était "contre-productif" et créerait des "obstacles" à la paix. Ce qui inquiète le plus Israéliens et Américains, c'est la possibilité qu'auraient désormais les Palestiniens de rejoindre la Cour pénale internationale et d'y porter plainte contre Israël.
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