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La pression doit forcer Kadhafi à quitter le pouvoir a conclu mercredi le groupe de contact sur la Libye réuni au Qatar

Les ministres des Affaires étrangères du "groupe de contact" sur la Libye ont aussi promu la fourniture d'une aide matérielle aux rebelles qui se battent contre lui depuis deux mois."Kadhafi et son régime ont perdu toute légitimité et il doit quitter le pouvoir pour permettre au peuple libyen de décider seul de son avenir", dit un communiqué final.
Article rédigé par France2.fr avec agences
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Alain Juppé au Qatar lors de sa rencontre avec le groupe de contact sur la Libye (13/04/2011) (AFP/KARIM JAAFAR)

Les ministres des Affaires étrangères du "groupe de contact" sur la Libye ont aussi promu la fourniture d'une aide matérielle aux rebelles qui se battent contre lui depuis deux mois.

"Kadhafi et son régime ont perdu toute légitimité et il doit quitter le pouvoir pour permettre au peuple libyen de décider seul de son avenir", dit un communiqué final.

Le langage employé dans le communiqué final traduit une plus grande fermeté que celle affichée il y a deux semaines à la première réunion du groupe de contact. Les critiques répétées de Londres et Paris ces derniers jours, notamment sur l'intensité des frappes de l'Otan, n'y sont sans doute pas étrangères. La France et la Grande-Bretagne ont ainsi réaffirmé leur unité de vue sur la crise libyenne.

Les deux chefs de file de la coalition qui vient en aide à l'opposition libyenne se sont en outre engagés à oeuvrer de concert au niveau diplomatique afin de rapprocher les diverses initiatives pour une solution politique au conflit.

Le groupe compte d'autre part apporter un "appui matériel" aux insurgés. Le texte ne donne pas de précisions, mais des diplomates estiment que certains pays pourraient interpréter cette formule comme la fourniture d'armes, objet d'une requête centrale des rebelles.

Le Premier ministre du Qatar, Hamad bin Djassim al Sani, a déclaré à la presse que l'appui matériel pouvait répondre à "tous les autres besoins, matériels de défense compris". Le Qatar est un actif partisan arabe du soulèvement libyen.

Le vice-ministre libyen aux Affaires étrangères Khaled Kaaim a pour sa part indiqué que le Qatar a fourni des missiles antichars Milan, de fabrication française, aux rebelles à Benghazi

Sarkozy et Cameron sur la même longueur d'onde
Le président Nicolas Sarkozy et le Premier ministre David Cameron ont évoqué pendant près de deux heures la situation dans le pays sur fond de signes de fragilité au sein de la coalition internationale à l'oeuvre depuis trois semaines en Libye.

"La situation actuelle montre que le colonel Kadhafi et ceux qui l'entourent sont déterminés à maintenir leur effort de guerre contre leur propre population", a dit la présidence française, évoquant notamment les "sièges dignes du Moyen Age" des villes de Misrata et Zintan, dans l'est de la Libye.

De source britannique, on a déclaré que Nicolas Sarkozy et David Cameron, qui étaient accompagnés de leurs ministres de la Défense, avaient discuté des moyens d'intensifier la pression militaire contre le colonel Kadhafi, une position que Paris et Londres entendent défendre devant leurs alliés de l'Otan, jeudi à Berlin.

Juppé évoque un cessez-le-feu sous conditions
Le Groupe de contact sur la Libye souhaite s'acheminer vers "un cessez-le-feu" sous condition, selon Alain Juppé.

Au Qatar, le groupe a exigé un retrait des troupes du régime libyen "des villes envahies", a déclaré mercredi le ministre des Affaires étrangères.

"Nous souhaitons nous acheminer vers un cessez-le-feu mais à condition que ce soit un vrai cessez-le-feu réellement contrôlé, pas simplement l'arrêt des tirs", a dit le chef de la diplomatie française.

Il a précisé qu'un tel cessez-le-feu devrait, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU, comprendre "le retrait des troupes (du colonel Mouammar) Kadhafi des villes qui ont été envahies et le retour de ses forces dans leurs casernes".

Aide financière pour les insurgés
Le groupe de contact chargé de piloter le volet politique de l'intervention en Libye a proposé une aide financière accrue à la rébellion anti-Kadhafi qui continue à exiger le départ de Mouammar Kadhafi comme préalable à toute solution diplomatique au conflit. Les alliés occidentaux ont paru divisés sur d'autres mesures à adopter.

Une vingtaine de ministres des Affaires étrangères et d'organisation régionales et internationales ont participé à la réunion de Doha.

L'impasse militaire entre les rebelles tenant la région de Benghazi (est) et les forces loyales à Mouammar Kadhafi retranchées dans celle de Tripoli (ouest) a fait naître au sein de l'Otan, qui dirige les opérations alliées, le spectre d'un enlisement. Londres et Paris ont appelé à une action plus musclée de l'Alliance, mais Washington a défendu le rôle de l'organisation transatlantique qui a appelé à une solution politique, notamment la mise en oeuvre d'un cessez-le-feu. Les rebelles ont eux aussi appelé l'Otan à intensifier les frappes aériennes.

Le Groupe a insisté sur "la nécessité pour (le colonel) Kadhafi de se démettre du pouvoir" afin de favoriser un règlement de la crise politique en Libye, selon le texte du communiqué final.

La prochaine réunion des ministres des Affaires étrangères du "groupe de contact" sur la Libye se tiendra en Italie lors de la première semaine de mai, a annoncé mercredi un porte-parole du ministère italien des Affaires étrangères.

Constitué lors de la conférence de Londres le 29 mars, le "groupe de contact" sur la Libye doit piloter l'aspect politique de l'intervention alliée destinée à protéger la population civile contre les attaques des forces de Mouammar Kadhafi.

Des divergences se font jour
Peu avant l'ouverture de la réunion, le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, a affirmé que son pays "ne voit pas de solution militaire" en Libye. Des divergences sont clairement apparues, l'Italie affirmant vouloir armer les rebelles et la Belgique répondant qu'il n'en était pas question.

Mardi, au sein de l'Otan à intensifier leurs efforts pour éviter un enlisement de la situation. Le ministre français de la Défense, Gérard Longuet, a déploré notamment que Paris et Londres supportent "l'essentiel" de l'effort de la coalition.

Alain Juppé, le chef de la diplomatie française, a estimé mardi que l'Otan, qui a pris le relais des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne et de la France le 31 mars, ne jouait pas suffisamment son rôle. "L'Otan a absolument voulu conduire cette opération sur le plan militaire. Et bien voilà, on y est maintenant (...) Il n'est pas acceptable que Misrata puisse continuer à être sous le feu du bombardement des troupes de Kadhafi", a-t-il dit.

Madrid a pourtant estimé qu'une intensification "n'est pas nécessaire" et que "l'action de l'Otan se déroule bien".

Mercredi soir, le président français, Nicolas Sarkozy, doit recevoir à dîner le Premier ministre britannique, David Cameron, pour un entretien consacré "essentiellement" au conflit en Libye.

La rébellion: pas de cessez-le-feu si Kadhafi ne part pas
"Nous n'accepterons aucune initiative pour un règlement politique si le départ de Kadhafi et de ses fils de Libye ne figure pas en tête", a déclaré mardi un porte-parole de la rébellion, Mahmoud Chammam.

Lundi soir, le chef du Conseil national de transition (CNT), Moustapha Abdeljalil, et accepté dimanche par le colonel Kadhafi.

L'UA proposait la cessation immédiate des hostilités, un acheminement de l'aide humanitaire et le lancement d'un dialogue en vue d'une transition, mais pas le départ du dirigeant libyen, au pouvoir depuis plus de 40 ans et confronté depuis la mi-février à une rébellion sans précédent.

Le CNT, qui n'est reconnu que par la France, l'Italie et le Qatar, a souhaité obtenir "une reconnaissance claire et officielle" de la part de Washington lors de la réunion de Doha.

Plus de trois semaines après les première frappes aériennes internationales contre les forces du colonel Kadhafi, son régime est toujours en place et la rébellion ne semble pas en mesure de le renverser par la force.

Selon le Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR), près de 500.000 personnes ont fui les violences en Libye.

Un représentant du CNT a affirmé que les combats avaient fait 10.000 morts, 30.000 blessés et 20.000 disparus.

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>> (13/04/2011)

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