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Carlos Ghosn : ce que l'on sait (et ce que l'on ne sait pas encore) sur sa fuite au Liban

L'ancien patron de Renault-Nissan a quitté le Japon, où il était assigné à résidence, pour rejoindre le Liban. Il est poursuivi pour des revenus différés non déclarés et pour abus de confiance aggravé et devait être jugé dans quelques mois.

Article rédigé par franceinfo
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L'ancien PDG de Renault-Nissan, Carlos Ghosn, le 3 avril 2019 à Tokyo (Japon). (TAKUYA ITAKURA / YOMIURI / AFP)

Une fuite pour échapper à la justice japonaise. Assigné à résidence à Tokyo, l'ancien patron de Renault-Nissan, Carlos Ghosn, s'est échappé lundi 30 décembre pour rejoindre le Liban"Je n'ai pas fui la justice, je me suis libéré de l'injustice", a-t-il déclaré. Carlos Ghosn, arrêté en novembre 2018 puis placé pendant plusieurs mois en détention, fait l'objet de quatre inculpations au Japon : deux pour des revenus différés non déclarés aux autorités boursières par Nissan (la firme japonaise est aussi poursuivi sur ce volet), et deux autres pour abus de confiance aggravé. Franceinfo fait le point sur ce nouveau rebondissement.

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Ce que l'on sait

Il est à Beyrouth. Mardi matin, l'ancien patron, qui possède la nationalité libanaise, a confirmé qu'il se trouvait au Liban dans un communiqué. "Je ne suis plus l'otage d'un système judiciaire japonais partial où prévaut la présomption de culpabilité", a-t-il écrit, selon ce document transmis par ses porte-parole. "Je n'ai pas fui la justice, je me suis libéré de l'injustice et de la persécution politique. Je peux enfin communiquer librement avec les médias, ce que je ferai dès la semaine prochaine", ajoute-t-il.

Il n'avait pas le droit de quitter le Japon. Assigné à résidence après 130 jours de prison, il avait été placé en résidence surveillée. Ses conditions de liberté précisaient que ses passeports étaient gardés par ses avocats, garants du respect des règles imposées par la justice à son égard. Son assignation à résidence à Tokyo lui laissait la liberté de voyager à l'intérieur du Japon, mais la durée d'absence de son domicile était réglementée. Son accès à internet était fortement restreint et sa résidence placée sous la surveillance de caméras.

Ses avocats ont toujours ses passeports. "C'est une surprise totale, je suis abasourdi", a déclaré aux médias Junichiro Hironaka, son principal avocat japonais, affirmant ne pas avoir été contacté par Carlos Ghosn et avoir appris "par la télévision" que l'ex-patron de Renault-Nissan avait fui. Il a confirmé que les avocats avaient toujours les trois passeports (libanais, brésilien et français) du magnat en leur possession.

Les autorités libanaises n'envisagent pas de poursuites judicaires. L'ex-PDG de Renault-Nissan est "entré légalement au Liban", a indiqué le ministère des Affaires étrangères à Beyrouth. La Direction générale de la sûreté générale a précisé qu'aucune mesure n'imposait "l'adoption de procédures à son encontre" et que rien ne "l'exposait à des poursuites judiciaires".

Paris dit n'avoir pas été informé. La France n'a eu aucune information sur la fuite du Japon de Carlos Ghosn, a assuré le ministère des Affaires étrangères. Il a "bénéficié de la protection consulaire, comme tout ressortissant français, dès les premières heures de son arrestation au Japon", a précisé le ministère français dans son communiqué.

Ce que l'on ne sait pas encore

Les conditions de sa fuite. Comment a-t-il pu quitter le pays ? A-t-il bénéficié de complicités ? Peu de détails ont pour l'instant filtré sur son départ. "La manière dont il a quitté le Japon n'est pas claire", a précisé à l'AFP une autre source au Liban. Selon le journal libanais Al-Joumhouriya, qui a dévoilé l'information, le patron déchu de l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi est arrivé à Beyrouth dans un avion en provenance de Turquie. En France, le journal Les Echos croit savoir qu'il a passé les contrôles douaniers en présentant un passeport falsifié. 

La réaction du Japon. Mardi matin, les autorités japonaises n'avaient pas encore réagi à cette spectaculaire fuite. Elle pourrait lancer un mandat d'arrêt international, qui n'aura cependant que peu d'effet au Liban, avec lequel il n'existe pas d'accord d'extradition. Ce mandat empêcherait cependant Carlos Ghosn de se déplacer dans des pays qui ont signé de tels accords avec Tokyo.

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