Liban : la colère des familles de pompiers "sacrifiés"
Un peu plus de deux mois après l'explosion qui a dévasté le port de Beyrouth et une partie de la ville, les familles de victimes s'impatientent, notamment celles des pompiers envoyés au front. Envoyé Spécial est allé à leur rencontre.
Au Liban, l'histoire du bataillon 5 des pompiers de Beyrouth a marqué les esprits. Le 4 août, ils ont été les premiers à arriver sur place à 18 heures, un camion suivi d'une ambulance. Sur des photographies, on y voit deux pompiers tenter d'ouvrir la porte du hangar n°12 sans savoir qu'il contient 2 750 tonnes de nitrate d'ammonium. Puis tout explose. Dix pompiers âgés de 22 à 40 ans sont les premières victimes de l'explosion. Et parmi eux, trois membres d'une même famille.
Charbel, Najib et Charbel sont en effet envoyés au port ; leur chef leur dit qu'il y a un incendie dans un hangar contenant des feux d'artifice. Pour leur famille, il s'agit d'un dysfonctionnement, voire, pire, d'un "mensonge d'État". "Pourquoi ont-ils été sacrifiés ? Tout le monde savait ce que contenait le port. Ils savaient ce qu'il y avait, mais ils ont laissé nos enfants y entrer pour éteindre l'incendie et ils les ont tués", pleure aujourd'hui l'une des mères.
950 dossiers en vue d'un procès
"Bien sûr que tout le monde savait pour les explosifs, il y avait des rapports officiels. Mais ils ne sont pas arrivés jusqu'aux bureaux des pompiers et ils ont quand même envoyé les équipes. Ils nous ont mentis. Le problème, c'est qu'aujourd'hui, personne ne veut nous dire la vérité", déplore l'épouse de l'un des pompiers décédés. La sœur veut que la mort de son frère provoque un changement de mentalité au Liban et l'arrestation des hauts dirigeants pour en finir avec la corruption. 300 avocats ont constitué 950 dossiers, ils vont porter plainte contre X en vue d'un éventuel procès au Liban. Mais l'enquête traîne, seuls 25 fonctionnaires ont été suspendus. Après 40 jours, aucun haut gradé n'a été inquiété.
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