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"Personne n'a frappé à notre porte" : les habitants des quartiers modestes de Beyrouth laissés à leur propre sort

Dans la capitale dévastée, certains habitants ont commencé les travaux les plus urgents et remplacé les portes ou les vitres. D’autres n’en n’ont pas les moyens.

Article rédigé par Aurélien Colly - Édité par Camille Laurent
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
À l'étage de cette maison en partie détruite, la pièce donnait sur le port de Beyrouth, où a eu lieu la double-explosion du 4 août 2020. (AURÉLIEN COLLY / ESP - REDA INTERNATIONALE)

Au Liban, Beyrouth sort tout doucement du chaos, 15 jours après l’explosion dans le port qui a ravagé des quartiers entiers. Un premier grand nettoyage des rues a été effectué. Mais tous les habitants ne peuvent pas mener des travaux pourtant essentiels. Dans les quartiers les plus modestes, la crise économique était déjà là, les matériaux commencent à manquer et coûtent de plus en plus cher.

"Ici, comme vous le voyez, il y a beaucoup de dégâts", décrit Edgar en déambulant dans un quartier très touché de la capitale libanaise. Depuis le 4 août, arpenter les maisons et les appartements dévastés par l’explosion est devenu le quotidien de ce volontaire pour l'ONG "Lebanon for tomorrow". "Il n'y a pas de fenêtre, il n'y a pas de porte", poursuit Edgar, désolé.

Les murs sont tout cassés, il n'y a rien.

Edgar, bénévole de l'ONG "Lebanon for tomorrow"

à franceinfo

Chaque jour, il va à la rencontre des familles les plus modestes, sans moyens pour déblayer ou lancer les premiers travaux urgents. "On va évaluer les dégâts et après on va amener de l'aluminium, des vitres, du ciment... Il faut apporter tout", énumère le bénévole.

Des bénévoles de l'ONG "Lebanon for tomorrow" dans un quartier modeste de Beyrouth, particulèrement touché par la double explosion du 4 août 2020. (AURÉLIEN COLLY / ESP - REDA INTERNATIONALE)

Dans son logement en ruine, où tout a été soufflé, Nadda suit patiemment l’inspection de l’ONG. Cette veuve de 50 ans, mère de deux enfants, est sans revenus : "J'ai perdu toute ma maison, tout ! Alors je ne peux rien faire, je n'ai pas du tout les moyens."

Pas une seule visite officielle

Comme nombre de Libanais, Nadda est en colère. Depuis l’explosion du 4 août, pas un seul responsable politique ou service de l’État  libanais n’est venu dans son quartier, pourtant le plus touché. Elle ne voit que des ONG s’enquérir de son sort. "Personne n'a frappé à notre porte et ne nous a dit 'vous avez besoin de quelque chose ?'. Vous avez vu ma maison ? C'est ça dont j'ai besoin", explique-t-elle.

Sa maison a été dévastée par la double explosion du 4 août au port de Beyrouth, mais Nadda n'a pas les moyens pour faire les travaux les plus urgents. (AURÉLIEN COLLY / ESP - REDA INTERNATIONALE)

Dans tout Beyrouth, 80 000 logements auraient été plus ou moins endommagés. L'ONG "Lebanon for tomorrow" en a déjà recensé plus d’un millier, avec des besoins urgents que les habitants ne peuvent pas prendre en charge.

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