Guerre au Proche-Orient : ce que l'on sait des frappes israéliennes qui ont tué le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, à Beyrouth

Le mouvement libanais, soutien de l'Iran et Hamas, a fini par confirmer la mort de son leader emblématique, après un bombardement vendredi qui visait son "quartier général" selon Israël.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Les décombres de plusieurs immeubles dans la banlieue sud de Beyrouth (Liban) après un bombardement israélien visant le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, le 27 septembre 2024. (FADEL ITANI / AFP)

Un coup majeur contre un des principaux ennemis d'Israël. L'armée israélienne a annoncé, samedi 28 septembre, avoir tué le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, dans une frappe sur la banlieue sud de Beyrouth, vendredi en fin de journée. Le Hezbollah a confirmé sa mort à la mi-journée.

Selon le ministère libanais de la Santé, ce puissant bombardement a provoqué l'effondrement de dizaines d'immeubles et fait au moins six morts, tandis que de nombreux habitants fuyaient la zone. Franceinfo vous résume ce que l'on sait de ce possible tournant de la guerre au Proche-Orient.

Des frappes sur le QG du Hezbollah vendredi

L'armée israélienne a mené des frappes intenses dans le quartier de Haret Hreik, dans la banlieue sud de Beyrouth, bastion du Hezbollah, vers 18h30 vendredi (17h30 à Paris). Ces bombardements d'une rare intensité, dans un quartier densément peuplé, ont provoqué d'épaisses colonnes de fumées et semé la panique parmi les habitants. Dans un bilan provisoire, le ministère libanais de la Santé fait état d'au moins six morts et 91 blessés, et évoque des dizaines d'immeubles détruits. Sur les lieux des frappes, plusieurs immenses cratères mesurant jusqu'à cinq mètres de diamètre étaient visibles, selon les photographes de l'AFP.

Peu après, Israël a déclaré avoir mené une "frappe précise" sur le "quartier général" du Hezbollah. Le porte-parole de l'armée, le contre-amiral Daniel Hagari, a précisé que ce QG se "situait sous des immeubles résidentiels". Cette annonce a immédiatement soulevé, dans les médias israéliens et dans toute la région, des interrogations sur le sort de Hassan Nasrallah.

Toute la nuit de vendredi à samedi, des frappes israéliennes se sont poursuivies dans plusieurs zones de la banlieue sud de Beyrouth. Après un avertissement d'évacuation lancé vendredi soir par l'armée israélienne, des centaines d'habitants ont fui dans la précipitation vers la capitale, à quelques kilomètres. Des familles entières ont dormi dans la rue, dans le centre-ville ou le long de la corniche.

Une mort annoncée samedi matin

Samedi matin, l'armée israélienne a affirmé avoir atteint son objectif : "Hassan Nasrallah est mort", a déclaré samedi un porte-parole de l'armée, le lieutenant-colonel Nadav Shoshani, sur le réseau social X. Le chef du Hezbollah a été "éliminé", confirme à l'AFP un autre porte-parole de l'armée. "Hassan Nasrallah ne sera plus capable de terroriser le monde", a écrit le compte officiel en anglais de l'armée israélienne.

A la mi-journée, le Hezbollah a fini par confirmer la mort de son leader, dans un communiqué diffusé sur Telegram : "Sayyed Hassan Nasrallah a rejoint ses compagnons martyrs (..) dont il a conduit la marche pendant près de trente ans."

Hassan Nasrallah "va bien", assurait pourtant à l'AFP vendredi soir une source anonyme proche du Hezbollah. Mais samedi matin, après l'annonce de l'armée israélienne, une source proche, toujours anonyme, concédait à l'agence française que le "contact [était] perdu" avec le leader du mouvement depuis vendredi soir.

Selon un communiqué militaire israélien, Ali Karaké, présenté comme le commandant du front sud du Hezbollah, ainsi que d'autres commandants du mouvement ont été tués dans le même bombardement vendredi. L'armée a ensuite affirmé que la "plupart" des hauts dirigeants du Hezbollah avaient été "éliminés" lors des opérations israéliennes des derniers mois.

Un coup dur pour le mouvement islamiste libanais

Cet assassinat frappe une nouvelle fois le Hezbollah en plein cœur, après la série d'explosions meurtrières qui avait visé les moyens de télécommunication du groupe islamiste, mi-septembre. Hassan Nasrallah, 64 ans, était un religieux chiite objet d'un véritable culte de la personnalité au Liban. Il était devenu l'un des hommes les plus puissants du pays en étant à la tête du Hezbollah, véritable Etat dans l'Etat.

Une partie de la communauté internationale ayant placé le groupe islamiste sur la liste des organisations terroristes, et Israël en ayant fait une cible, Hassan Nasrallah vivait dans la clandestinité et se montrait rarement en public. Dans une interview de 2014 au journal libanais Al-Akhbar, rapportée par Jeune Afrique, le chef du Hezbollah avait déclaré qu'il changeait régulièrement de lieu pour dormir, tout en assurant qu'il ne vivait pas reclus.

"Un autre dirigeant émergera", estime sur franceinfo Sébastien Boussois, chercheur et spécialiste du Proche-Orient. "Il y aura des seconds couteaux qui prendront le relais". Après la frappe de vendredi, le Hezbollah n'a pas perdu tous ses moyens d'action. Le groupe islamiste a en effet annoncé samedi avoir tiré des roquettes sur le nord d'Israël, ciblant le kibboutz Kabri dans le nord d'Israël, en réponse aux attaques "barbares" d'Israël "sur les villes, villages et civils" au Liban.

Samedi, le chef d'état-major de l'armée israélienne a mis en garde les mouvements qui pourraient cibler son pays en réponse à la mort de Hassan Nasrallah. "Nous n'avons pas épuisé tous les moyens dont nous disposons. Le message est simple : quiconque menace les citoyens d'Israël, nous saurons comment l'atteindre", a averti le général Herzi Halevi dans un communiqué.

Une stratégie "efficace", "radicale" et meurtrière

Au Liban, "on voit bien que la stratégie délibérée israélienne (...) est beaucoup plus efficace et radicale" qu'à Gaza, observe Sébastien Boussois, évoquant des méthodes auxquelles "on ne s'attendait pas". Les opérations israéliennes contre le Hezbollah au Liban se poursuivront "jusqu'à ce que tous nos objectifs soient atteints", avait affirmé à l'ONU le Premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou vendredi, quelques heures avant la frappe visant Hassan Nasrallah, douchant les espoirs d'une trêve proposée mercredi par la France et les Etats-Unis.

Depuis lundi, les bombardements israéliens ont fait plus de 700 morts, en majorité des civils, selon un bilan communiqué par le ministère libanais de la Santé avant les frappes de vendredi soir. En un an, le nombre de personnes tuées au Liban s'élève à plus de 1 500, un bilan plus lourd que celui des 33 jours de guerre entre Israël et le Hezbollah en 2006. Israël a également dit se préparer à une possible incursion terrestre, qui serait "aussi courte" que possible, selon un responsable israélien de la sécurité.

Samedi, l'armée israélienne a indiqué avoir mené des frappes sur "140 cibles du Hezbollah" depuis vendredi soir dans le sud et l'est du Liban, et affirmé avoir tué un de ses commandants et son adjoint dans un raid dans le sud du Liban.

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