Guerre au Proche-Orient : quatre questions sur la conférence internationale pour le Liban organisée à Paris
Un sommet crucial pour venir en aide au Liban. Une conférence internationale pour le pays s'est ouverte jeudi 24 octobre à Paris. Cette initiative française doit permettre de faire avancer plusieurs dossiers brûlants, comme l'aide aux déplacés et les négociations pour un cessez-le-feu. Les besoins sont colossaux depuis le lancement, fin septembre par Israël, d'une offensive au sol dans le sud du pays, qui a fait déjà au moins 1 552 morts et plus de 800 000 déplacés. "Le Liban est en danger de mort et de dislocation", a déclaré à l'AFP Jean-Yves Le Drian, l'envoyé personnel d'Emmanuel Macron à Beyrouth. Franceinfo répond à quatre questions sur cette conférence.
Quel est l'objectif de cette conférence ?
La conférence internationale sur le Liban doit marquer une avancée sur le front diplomatique. "L'objectif est d'abord de réaffirmer la nécessité d'un cessez-le-feu, d'une résolution diplomatique et d'une fin des hostilités, de mobiliser l'aide humanitaire du plus grand nombre de pays possible et de soutenir les institutions libanaises, au premier rang desquelles les forces armées libanaises", a expliqué mercredi le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, sur RTL.
Concrètement, la priorité sera déjà de répondre à l'appel de fonds de l'ONU, lancé le 1er octobre, pour une aide de plus de 400 millions de dollars (370 millions d'euros) en faveur des personnes déplacées. L'objectif de la conférence est même de réunir quelque 500 millions d'euros. Le président français Emmanuel Macron a annoncé jeudi matin que la France allait débloquer 100 millions d'euros pour le Liban.
La réunion doit également permettre de faire avancer les négociations pour mettre fin à la guerre. "La guerre doit cesser au plus vite", a ajouté Emmanuel Macron jeudi, précisant que l'objectif est "d'affirmer la souveraineté du Liban", et "démontrer que le pire n'est pas écrit et permettre aux Libanais de retrouver le contrôle de leur destin".
Paris et Washington ont déjà été à l'initiative le mois dernier, lors de l'Assemblée générale des Nations unies à New York, d'une proposition de cessez-le-feu temporaire pour le Liban. La France souhaite faire appliquer la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l'ONU, qui avait acté la fin de la précédente guerre entre Israël et le Hezbollah en 2006. Elle établit que seuls les Casques bleus et l'armée libanaise doivent être déployés dans le sud du Liban frontalier d'Israël.
Cette résolution "permet de garantir d'un côté, la souveraineté et l'unité du Liban et, de l'autre, de donner les garanties de sécurité à Israël pour que les 60 000 personnes qui ont dû quitter leur foyer après le 7-Octobre dans le nord d'Israël puissent y retourner", a assuré sur RTL Jean-Noël Barrot. "Aujourd'hui, c'est la solution diplomatique qui doit primer", a insisté le ministre.
Qui doit y participer ?
La conférence "verra la participation de 70 pays et de 15 organisations internationales", a rappelé Jean-Noël Barrot. "Tous ceux que nous avons invités ont répondu présent", a-t-il affirmé. Le ministre n'a néanmoins pas précisé le niveau de représentation de ces pays. S'agira-t-il de chefs d'Etat, de ministres, ou encore de diplomates ? Du côté des Etats-Unis, ni le président Joe Biden, ni le secrétaire d'Etat Antony Blinken, en déplacement au Moyen-Orient, ne seront à Paris.
Le Premier ministre est présent à la conférence. Il a été reçu mercredi à l'Elysée. Najib Mikati a d'ailleurs remercié Emmanuel Macron, dans un communiqué, "pour son soutien constant au Liban" et pour les "efforts" faits par la France vers un cessez-le-feu. Il est accompagné du chef de la diplomatie libanaise, Abdallah Bou Habib.
Pourquoi est-elle organisée à Paris ?
L'organisation de cette conférence est une initiative d'Emmanuel Macron. La relation entre Paris et Beyrouth est particulière. Ancienne puissance mandataire, la France compte quelque 23 000 ressortissants au Liban, dont plusieurs milliers ont récemment fui le pays à cause de la guerre. La diaspora libanaise est également fortement implantée en France.
Depuis la fin du mandat du président Michel Aoun, fin octobre 2022, le président français tente de jouer un rôle de facilitateur au Liban afin de lui trouver un successeur, alors que le pays fait face également à une crise économique sans précédent. Emmanuel Macron a appelé "à plusieurs reprises les responsables libanais à prendre leurs responsabilités" afin qu'ils résolvent "l'équation présidentielle, l'équation gouvernementale", a souligné mercredi l'Elysée. En moins d'un an et demi, son envoyé personnel au Liban, l'ancien ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, s'est rendu six fois à Beyrouth pour tenter de convaincre les différentes parties influentes. Sans succès.
Quelle est la situation au Liban ?
Des bombardements intenses continuent de frapper le pays Liban. La banlieue sud de Beyrouth, fief du Hezbollah, a été visée mercredi soir par 17 frappes israéliennes qui ont détruit plusieurs immeubles et provoqué une énorme explosion. Selon l'agence de presse libanaise Ani, il s'agit des bombardements les plus importants dans ce secteur depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste pro-iranien il y a un mois.
De son côté, le Hezbollah a affirmé mercredi avoir tiré des roquettes sur une base militaire et un site industriel militaire près de Tel-Aviv, la grande ville du centre du pays, et visé deux autres bases militaires près de Haïfa, dans le nord. Au moins 1 552 personnes ont été tuées au Liban depuis le début de la campagne de frappes aériennes israéliennes le 23 septembre, d'après un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. L'ONU a également recensé quelque 800 000 déplacés.
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