Le Hezbollah, soutenu par l'Iran, débloque l'élection présidentielle au Liban
A l’occasion d’un discours à la mémoire d’un de ses responsables militaires mort sur le front syrien, le secrétaire général du Hezbollah s’est exprimé sur la situation intérieure libanaise. Il a appelé officiellement les députés de son mouvement, chiite pro-iranien, à voter pour le candidat du Courant patriotique libre, Michel Aoun, lors de la prochaine séance du Parlement fixée au 31 octobre 2016.
Pour Hassan Nasrallah, la porte est grande ouverte pour l'élection d'un président
Une décision rendue officielle après qu'un développement, jugé «important» par Hassan Nasrallah se soit produit. En l'occurrence, la «déclaration du Chef du Courant du futur apportant son soutien à la nomination du général Michel Aoun à la présidence. La porte est désormais vraiment grande ouverte pour que l’élection présidentielle réussisse», a tenu à préciser le chef du bras armé de Téhéran au pays des Cèdres.
L’ancien premier ministre sunnite, Saad Hariri, qui bénéficie en principe du soutien de l’Arabie Saoudite, avait en effet expliqué, le 20 octobre 2016, le soutien apporté à son adversaire politique, «par la nécessité de protéger le Liban, l’Etat et le peuple», précisant que cette décision «dépendait d’un accord.»
Un arrangement hasardeux entre Saad Hariri et Michel Aoun
Fils d’un autre ancien Premier ministre, Rafic Hariri, tué le 14 février 2005 dans un attentat attribué à la Syrie avec la complicité du Parti de Dieu, Saad aurait négocié de retrouver sa fonction de chef du gouvernement en cas d’élection du général Aoun à la tête de l’Etat.
Un arrangement qui n’a en revanche pas l’aval du chef du Hezbollah qui pourrait jouer les prolongations de la crise, une fois Michel Aoun élu, en faisant de l’obstruction sur la nomination du Premier ministre et la composition du gouvernement.
Pour l’heure, en dépit de l’incertitude sur la position du président de l’Assemblée, Nabih Berri, chef du mouvement chiite Amal, en principe favorable à la candidature de Sleiman Frangié, chef du mouvement Marada, l’ancien général Aoun semble bel et bien sur rail pour devenir le 13° président du Liban depuis l’indépendance en 1943
La présidence rêve obsessionnel de Michel Aoun
A 81 ans, ce maronite, comme se doit de l’être tout président libanais selon le dit Pacte National (non écrit), voit désormais son rêve obsessionnel à portée de main.
Né à Haret Hreik, une banlieue populaire au sud de Beyrouth, devenue fief du Hezbollah, cet ancien militaire de carrière a gravi tous les échelons de l’armée jusqu’à en devenir le chef.
Nommé en 1988, conformément à la Constitution, à la tête d’un gouvernement militaire par le président Amin Gemayel, qui achevait son mandat sans successeur, au lieu d’exécuter sa tâche d’assurer l’élection d’un nouveau chef de l’Etat, il déclare «la guerre de libération contre la Syrie», toujours présente en force au Liban, et tente de désarmer la milice chrétienne des Forces Libanaises (FL), dirigée par le «Docteur» Samir Geagea.
Après des affrontements meurtriers avec les FL et son échec retentissant face aux forces de Damas, il quitte en catastrophe, le 13 octobre 1990, le palais de Baabda où il s’était retranché pour se réfugier à l’ambassade de France. Il est exfiltré vers Paris où il passera quinze années en exil et fondera son mouvement, le Courant patriotique libre, résolument hostile à la Syrie.
Une présidence sans garantie de la fonction
L’assassinat de Rafic Hariri et les manifestations qui s’ensuivirent aboutissent au retrait total des troupes syriennes du Liban le 27 avril 2005 et lui ouvrent à nouveau la porte du pays. Son retour à Beyrouth est consolidé par la conquête, par son parti, de 21 sièges sur les 128 du Parlement.
Nostalgique du Palais de Baabda, il opte pour toute alliance pouvant l’y mener et signe en février 2006 un document d’entente avec le Hezbollah, allié de son ancien ennemi juré Bachar al-Assad. Un choix qui le place aujourd’hui dans le camp des partisans de Damas contre des formations chrétiennes et sunnites favorables à la rébellion.
Obnubilé par son objectif de devenir président, il bénéficie désormais du feu vert de l’axe Téhéran-Damas-Hezbollah pour y parvenir, sans aucune garantie de pouvoir en exercer réellement la fonction.
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