Reportage "C'est triste, déprimant, stressant" : l'inquiétude de la diaspora libanaise à Paris face aux multiples frappes israéliennes

Article rédigé par Marion Ferrère
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des manifestants réunis place de la République à Paris en soutien au Liban, le 29 septembre 2024. (IAN LANGSDON / AFP)
Des centaines de Libanais ont manifesté à Paris dimanche pour notamment réclamer un cessez-le-feu immédiat, alors que plus de 700 personnes, dont de nombreux civils, ont été tuées au Liban par l'armée israélienne en une semaine.

Depuis lundi 23 septembre, plus de 700 personnes, dont de nombreux civils, ont été tuées au Liban par l'armée israélienne et 90 000 personnes ont pris la fuite. Et alors que la crainte d'une intervention au sol grandit dans le pays, la diaspora libanaise s'inquiète. Ils sont environ 50 000 en France. Plusieurs d'entre eux étaient réunis dimanche place de la République et à la cathédrale Notre-Dame-du-Liban, dans le 5e arrondissement de Paris.

À la sortie de la cathédrale, les visages sont marqués. Tous les fidèles rencontrés nous confient s'inquiéter quant à l'avenir de leur pays. "C'est triste, c'est déprimant, c'est stressant. On ne sait plus, souffle l'un d'entre eux. En fait, on ne sait plus rien. On ne sait plus ce qui va se passer."

"On guette les nouvelles"

Parmi cette diaspora libanaise, de nombreux étudiants peinent à avoir des nouvelles de leurs proches. Depuis près de deux semaines, Yasmina, 23 ans, ne quitte plus son téléphone portable. À la moindre annonce de nouveaux bombardements, elle tente d'appeler ses proches : "Je suis ici avec ma sœur, je n'ai personne d'autre. Toute ma famille est encore au Liban. Ça me fait peur...", glisse-t-elle. 

Maria, aussi, est venue s'installer à Paris pour réaliser ses études. Elle se trouve désormais dans l'impossibilité de retourner dans son pays. Elle tente, comme elle peut, de soutenir ses proches.

"On ne sait jamais à quoi s'attendre... Je reçois chaque jour des messages de mes frères et soeurs qui ont peur de dormir par exemple. Je ne sais pas quoi faire, quoi lui dire. Je suis loin, je ne sais pas ce qu'elle ressent"

Maria, une Libanaise

à franceinfo

Cette autre Libanaise, installée depuis cinq ans à Paris, nous décrit un quotidien devenu angoissant : "On est toujours connectés sur nos téléphones, sur les chaînes de télévision libanaises... On guette les nouvelles. C'est le cas de tous les Libanais".

Une peur renforcée par la mort du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah. Nabil n'est pas certain que ce soit positif. "Même si on ne soutient pas le Hezbollah et ses actions, c'est un parti politique qui représente plus d'un tiers de la population libanaise, lance-t-il. Je pense qu'avec sa mort va commencer une colère dans cette communauté-là qui peut peut-être augmenter les violences."

La crainte d'une intervention militaire terrestre

Pour Patrick, Nasrallah a servi de prétexte pour attaquer le Liban. Il redoute désormais une intervention militaire terrestre d'Israël. "Ils continuent pour autant les bombardements. Donc on se pose la question des motivations réelles. Est-ce que ce n'est pas juste une annexion cachée qui a lieu en ce moment même ?"

Cette inquiétude, les Franco-libanais présents place de la République dimanche la partagent aussi. Parmi eux, Cynthia, drapeau libanais noué autour de ses épaules. Comme beaucoup, elle réclame un cessez-le-feu immédiat. "Si c'était ça l'argument, que nous, on combat un parti politique qui est en train de détruire le Liban, que ça soit vrai ou pas, bon, très bien. Maintenant, vous l'avez fait. Et alors, après ?"

"Et malheureusement, je sens que tout ça, c'est un complot contre les Libanais. C'est juste nous qui souffrons, en fait."

Cynthia, manifestante à Paris

à franceinfo

Les manifestants exigent aussi un engagement plus fort de la France auprès du Liban, plus fort que de simples mots.  

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