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"Guantanamo", "balle explosive" dans la tête... Un ex-otage espagnol raconte sa captivité aux mains de l'Etat islamique

Otage du groupe jihadiste pendant plusieurs mois, le journaliste Javier Espinosa a livré de nouveaux éléments sur sa captivité.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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L'ex-otage espagnol Javier Espinosa (à g.), le 30 mars 2014 à Torrejon de Ardoz (Espagne), après sa libération. (PACO CAMPOS / AFP)

Il parle. Un an après sa libération, le journaliste espagnol Javier Espinosa, qui travaille pour El Mundo, a détaillé pour la première fois ses six mois de captivité dans les geôles de l'organisation Etat islamique en Syrie. Son récit a été mis en ligne dimanche 15 mars sur le site du quotidien El Mundo (en espagnol).

Il dit avoir gardé le silence depuis sa libération – en même temps que son collègue photographe Ricardo Garcia Vilanova, et le journaliste du Periodico de Cataluna, Marc Marginedas, qui entame dimanche un récit parallèle – parce que ses gardiens menaçaient d'exécuter d'autres otages s'il parlait "avant que tout soit achevé".

Francetv info revient sur les principales révélations de ce récit.

 Un "Guantanamo" pour otages

Le reporter espagnol raconte avoir été incarcéré dans une villa au nord d'Alep, avec 22 Européens, Américains et une Latino-Américaine qu'il n'identifie pas. D'après lui, l'EI a rassemblé les otages, travailleurs humanitaires ou journalistes, dans une seule prison qui devait être le pendant de celle de Guantanamo, la base américaine située à Cuba, où ont été internés des combattants islamistes capturés en Afghanistan.

L'auteur cite le journaliste américain James Foley, son codétenu enlevé en novembre 2012 et exécuté en août 2014. "Ils avaient ce projet depuis longtemps, selon Foley. Le cheikh irakien (chef des gardiens) nous a expliqué dès le départ qu'ils voulaient interner des Occidentaux dans une prison de haute sécurité, avec des caméras, de nombreux gardiens... Il nous a dit que nous allions y passer longtemps parce que nous étions les premiers qu'ils capturaient."

Des 23 otages, écrit Javier Espinosa, quinze ont été libérés, six exécutés, et une, l'américaine Kayla Mueller, est morte en février dernier, dans un bombardement de l'aviation américaine, selon l'Etat islamique (EI). Le sort du photographe de presse britannique John Cantlie, détenu avec eux, reste incertain. L'EI a diffusé récemment une vidéo où il était en vie.

Une "balle explosive dans la tête"

Espinosa raconte aussi les simulacres d'exécution de la part de trois gardiens encagoulés, surnommés "les Beatles" par les otages, et qu'il traite de psychopathes. Ils les ont notamment obligés à regarder les photos de l'exécution d'un otage russe, l'ingénieur Serguei Nicolayevitch Gorbounov, enlevé en octobre 2013 et assassiné en mars 2014, selon Espinosa.

"Le cheikh lui a tiré une balle explosive dans la tête"

Un des gardiens de l'Etat islamique

El Mundo

"Vous finirez peut-être comme lui ! Ou bien nous vous obligerons à le déterrer et à creuser une nouvelle tombe pour vous envoyer dormir avec lui", ajoute le même homme. La Russie avait annoncé, en octobre 2013, qu'il enquêtait sur la disparition de Gorbounov. Dans une vidéo diffusée sur YouTube, ce dernier déclarait : "Si on ne m'échange pas d'ici à cinq jours, ils me tueront."

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