Nadia Murad, prix Nobel de la Paix, "est un étendard de la blessure yézidie" pour l'association des Yézidis de France
Le prix Nobel de la Paix a été attribué vendredi à Nadia Murad, une militante yézidie, ancienne esclave sexuelle de Daech en Irak. Pour Emin Anthony Chamon, le président de l'association des Yézidis de France, ce prix est "une fierté." Nadia Murad partage cette distinction avec le gynécologue congolais Denis Mukwege.
"La communauté yézidie accueille avec fierté ce prix" Nobel de la Paix, attribuée à Nadia Murad, militante yézidie, ex-esclave sexuelle de Daech en Irak, s'est réjoui vendredi 5 octobre sur franceinfo Emin Anthony Chamon, président de l’Association des Yézidis de France. Nadia Murad partage cette distinction avec le gynécologue congolais Denis Mukwege.
Elle se bat "pour que les femmes ne soient plus utilisées comme armes de guerre à travers les conflits armés. C'est un des combats que mènent Nadia Murad et le docteur Denis Mukwege", a-t-il poursuivi. Elle "est un étendard de la blessure yédizie connue seulement à partir de 2014 en France".
franceinfo : Ce prix Nobel de la Paix est-il une fierté pour vous ?
Emin Anthony Chamon : La communauté yézidie accueille avec fierté ce prix. Nadia Murad est un étendard de la blessure yézidie, connue seulement à partir de 2014 en France. La communauté yézidie est une communauté pacifique qui a vécu en 2014 sa 73e campagne génocidaire. Après le 11 septembre 2001, l'attentat le plus meurtrier au monde est le triple attentat au camion piégé de 2007 qui a fait plus 800 morts dans la communauté yézidie. La même organisation qui avait attaqué les Yézidis en 2007 était la base du mouvement de groupe Etat islamique début 2011, fin 2012.
Que représente ce prix Nobel de la Paix pour la Yézidie Nadia Murad ?
Cela représente un combat. Nadia Murad est devenue ambassadrice de bonne volonté à l'ONU. Comme elle, il y a énormément de familles yézidies qui se battent pour que les femmes ne soient plus utilisées comme armes de guerre à travers les conflits armés. C'est un des combats que mènent Nadia Murad et le docteur Denis Mukwege. Dans la symbolique c'est très fort, car dans l'islam traditionnel de la région, les femmes yézidies ont toujours été utilisées comme armes de guerre. Et dans l'inconscient collectif de la région, tuer une femme yézidie ou tuer un Yézidi, c'est s'ouvrir les portes du paradis.
Combien de femmes yézidies sont encore entre les mains de Daech ?
Malheureusement le chiffre est encore grand. Il y a encore plus de 2 000 femmes et enfants entre les mains du groupe Etat islamique. Aujourd'hui, avec le démembrement de Daech, certaines femmes et des enfants ont été vendus en Arabie saoudite ou en Afghanistan. Aujourd'hui, le travail des personnes qui sont chargées de retracer ce réseau pour retrouver un jour ces victimes en vie est difficile.
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