Pourquoi Emmanuel Macron annonce la défaite prochaine du groupe Etat islamique en Irak et en Syrie
En déplacement à Abu Dhabi (Emirats arabes unis), le chef de l'Etat a estimé que la victoire militaire contre l'organisation terroriste serait totale dans "les prochains mois", en Irak et en Syrie. Franceinfo revient sur les raisons de son affirmation.
Pour Emmanuel Macron, c'est une victoire militaire totale qui s'annonce "dans les prochains mois". Le président de la République, en déplacement à Abu Dhabi (Emirats arabes unis) jeudi 9 novembre, s'est montré confiant quant à la défaite prochaine du groupe Etat islamique en Syrie et en Irak.
"Les prochaines semaines et les prochains mois nous permettront, je le crois profondément, de gagner complètement sur le plan militaire dans la zone irako-syrienne", a déclaré le chef de l'Etat, face à des troupes françaises basées dans la capitale des Emirats arabes unis.
"Il n'en sera pas terminé pour autant de ce combat", a prévenu Emmanuel Macron, lors de cette intervention sur une base navale. "La stabilisation dans la durée, la lutte contre tous les groupes terroristes résiduels seront d'indispensables compléments à la solution politique inclusive, plurielle, que nous voulons voir émerger dans la région", a-t-il poursuivi. De la prise de Raqqa à celle de Boukamal, franceinfo revient sur les raisons de ce discours.
"Nous avons gagné à Raqqa"
Après la libération de la deuxième ville irakienne, Mossoul, cet été, la prise de Raqqa, capitale autoproclamée du groupe Etat islamique en Syrie, a marqué un tournant majeur dans la lutte contre l'organisation terroriste en Irak et en Syrie, mi-octobre. "Nous avons gagné à Raqqa", "cette ville d'où les attentats" de Paris, le 13 novembre 2015, "avaient été planifiés, organisés, dirigés", a rappelé Emmanuel Macron, jeudi à Abu Dhabi.
Les Forces démocratiques syriennes (FDS), soutenues par les Etats-Unis, ont repris le 17 octobre le contrôle du principal bastion de l'organisation terroriste en Syrie, après de longs mois de combats. Avec cette prise de Raqqa, le groupe Etat islamique a subi un lourd revers, son "califat" se retrouvant quasiment réduit à néant en Syrie.
En Syrie, plus aucune ville aux mains de l'EI
L'organisation jihadiste a subi une nouvelle défaite de taille jeudi 2 novembre, avec la reprise de Deir Ezzor, ville la plus importante de l'est de la Syrie, par l'armée syrienne, avec le soutien de ses alliés russe et iranien. La ville "était le siège principal des dirigeants de l'organisation. En perdant son contrôle, ils perdent leur capacité à diriger des opérations terroristes", a affirmé le haut commandement de l'armée syrienne dans un communiqué, après cette victoire. Le lendemain, les forces irakiennes sont parvenues à chasser l'Etat islamique de la ville d'Al-Qaïm (Irak) et du poste-frontière proche de cette localité.
Jeudi, l'organisation terroriste a perdu la dernière ville encore sous son contrôle en Syrie. Lors d'une opération éclair, le régime syrien et ses alliés ont chassé l'EI de la ville de Boukamal. L'offensive a été notamment menée par des miliciens irakiens, des combattants du Hezbollah libanais et des Gardiens de la Révolution iraniens, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). "La libération de Boukamal revêt une grande importance, car elle représente l'échec du projet du groupe terroriste dans la région", a martelé l'armée syrienne dans un communiqué.
Désormais, le groupe Etat islamique ne contrôle plus que 30% de la province de Deir Ezzor, selon l'OSDH. Ailleurs en Syrie, l'EI n'est plus présent que dans deux quartiers périphériques de Damas, ainsi que dans quelques poches du centre et du sud du pays.
Depuis 2014, environ 90% du "califat" perdu
En Irak, l'organisation terroriste contrôle encore la ville de Rawa et ses environs désertiques, non loin de la frontière avec la Syrie. Après une montée en puissance spectaculaire en 2014, et la conquête de vastes territoires en Irak et en Syrie, le groupe jihadiste se retrouve désormais pris en étau dans quelques zones à la frontière entre ces deux pays.
En mai 2015, le groupe Etat islamique contrôlait, selon l'OSDH, "95 000 km2 en Syrie" – soit la moitié du territoire. A cette époque, une grande partie des provinces de Deir Ezzor et Raqqa était aux mains des jihadistes. Ces derniers avaient également une forte présence à Hassaké, Alep, Homs et Hama. Sans compter son contrôle de presque tous les champs pétroliers et gaziers de Syrie.
Selon la coalition internationale contre le groupe Etat islamique, ce dernier a aujourd'hui perdu près de 90% des territoires qu'il avait envahis en 2014, en Irak et en Syrie. "Les efforts conjoints de la coalition et de ses forces partenaires ont permis de reprendre plus de 93 790 km2 de territoire – soit plus de 87% du territoire conquis par l'EI en 2014", a annoncé la coalition le 17 octobre, rapporte Europe 1. Tout en notant qu'à ce stade, "entre 3 000 et 7 000 terroristes de [l'EI] continuent de se battre en Irak et en Syrie".
Un mouvement encore "global"
Comme l'a souligné Emmanuel Macron jeudi, ces victoires militaires ne marquent pas pour autant la fin du groupe Etat islamique. "Ces gens-là sont dans une logique d’extension et non de repli", explique dans un entretien au Parisien Wassim Nasr, journaliste à France 24 et spécialiste de la mouvance jihadiste.
"Ce mouvement créé en 2006, avec quelques centaines de combattants sunnites irakiens, est aujourd’hui un mouvement global", alerte l'auteur du livre Etat islamique, le fait accompli (Plon). Bien que le territoire contrôlé par le groupe soit extrêmement réduit dans la zone irako-syrienne, "il y a une extension du logo, de la marque" de l'EI "à travers le monde".
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