Cet article date de plus de cinq ans.

Rapatriement de cinq enfants de jihadistes en France : "Un premier pas qui doit conduire à celui de tous les enfants"

Marie Dosé, avocate de la famille de l'un des enfants revenus en France, "reste extrêmement inquiète quant au sort des autres enfants qui sont en train de mourir" en Syrie, a-t-elle affirmé vendredi sur franceinfo.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Deux Françaises détenues dans le camp d'Al-Hol en Syrie, le 17 février 2019. (BULENT KILIC / AFP)

"C'est un soulagement mais ça reste un premier pas qui doit conduire au rapatriement de tous les enfants", a estimé l'avocate Marie Dosé sur franceinfo, après que le ministère des Affaires étrangères a annoncé vendredi 15 mars avoir rapatrié plusieurs enfants de jihadistes en France. Il s'agit d'"orphelins, isolés, âgés de 5 ans et moins", assure le Quai d'Orsay. "Il y a encore une centaine d'enfants français détenus dans le camp d'Al Hol", a rappelé l'avocate, qui défend la famille de l'un des enfants revenus en France.

franceinfo : Cette nouvelle est-elle un soulagement ?

Marie Dosé : C'est un soulagement mais ça reste un premier pas. Il y a encore une centaine d'enfants français détenus dans le camp d'Al Hol, dans des conditions sanitaires terrifiantes. Cette nuit, une enfant russe est décédée, morte de froid. Aujourd'hui, il s'agit du rapatriement de cinq orphelins, dont la petite fille dont je m'occupais. Evidemment c'est un immense soulagement mais je reste extrêmement inquiète quant au sort des autres enfants, [qui ne sont pas orphelins] et qui sont en train de mourir là-bas.

Qu'est-ce qui a pu permettre le retour de ces premiers enfants, selon vous ?

Nous avons fait en sorte de rendre public le risque de mort auquel ils sont exposés. Je pense que le Quai d'Orsay et les autorités françaises sont désormais acculés à opérer ce rapatriement [pour tous les enfants]. Notre dernier communiqué de presse, avec Henri Leclerc et Martin Pradel, mes confrères, pose cette question : "Va-t-il falloir attendre qu'un enfant meure pour que ces rapatriements soient enfin organisés ?" Les enfants dont je m'occupe, une quarantaine au camp d'Al Hol, ont faim, froid, sont exposés au choléra et à la tuberculose. Ils finiront par mourir si nous ne les rapatrions pas. On ne va pas laisser des enfants pourrir dans ces camps parce que leur mère est encore en vie. Les orphelins rentrent mais ceux qui ont la chance d'avoir une mère encore en vie pourrissent dans les camps et décèdent ? C'est absolument impossible. C'est un premier pas qui doit conduire au raptriement de tous les enfants. Le secrétaire d'Etat au ministère de l'Intérieur avait expliqué qu'il n'y aurait pas de rapatriements. Nous sommes habitués à cette cacophonie, à entendre tout et son contraire.

Quel âge ont ces enfants ?

L'enfant qui me concerne a 5 ans. Elle était prise en charge par une femme au camp d'Al Hol qui s'en occupe depuis des mois comme elle le peut, car elle a un enfant de 2 ans dont elle doit aussi s'occuper. Sa famille en France attendait son retour avec impatience et une grande inquiétude. Elle est d'abord prise en charge médicalement et psychologiquement. Ces enfants ont vécu le pire, ce sont des traumatisés de guerre. Psychologiquement, ils sont très très mal et ils doivent être soignés. Ensuite, l'aide sociale à l'enfance (ASE) va les prendre en charge. Ils vont probablement être placés dans un premier temps dans des familles d'accueil, formées pour les accueillir. Puis ils vont découvrir leur famille, pour ceux qui ne la connaissent pas, ou rejoindre leur famille, pour ceux qui la connaissent. Cette prise en charge est réalisée avec un grand professionnalisme.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.