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Syrie : le journaliste Steven Sotloff enlevé à cause d'un "fixeur" sous surveillance ?

Un journaliste américain raconte comment son collègue, assassiné par l'Etat islamique, a choisi un fixeur potentiellement compromis par l'imprudence d'un photographe canadien.

Article rédigé par Christophe Rauzy
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Steven Sotloff (casqué, au centre), le journaliste américain décapité par l'Etat islamique le 2 septembre 2014, photographié ici en Libye, en juin 2011. (ETIENNE DE MALGLAIVE / AFP)

Quelques minutes à peine après la publication par l'Etat islamique de la décapitation de Steven Sotloff, mardi 2 septembre, les médias américains soulignaient la discrétion et le professionnalisme de ce journaliste spécialiste du Moyen-Orient. A-t-il été victime d'un guet-apens ? Un de ses confrères avance une hypothèse sur les raisons de son enlèvement par des jihadistes, survenu le 4 août 2013 à Alep, en Syrie. D'après Ben Taub, qui détaille son propos dans un article paru sur The Daily Beast, le "fixeur" (le guide local), qui a guidé Sotloff à Alep, avait peut-être été repéré par des jihadistes à cause d'un précédent client de ce guide, un photographe canadien imprudent.

Durant l'été 2013, Ben Taub explique avoir été en poste à Kilis, ville turque située à la frontière avec la Syrie, passage habituel des journalistes free-lance et des candidats au jihad. Sur place, fin juillet, il rencontre Alex (les prénoms ont été modifiés) un photographe canadien inexpérimenté. Ce dernier ne parvient pas à trouver un fixeur, la plupart des journalistes lui conseillant d'éviter la Syrie, étant donné son inexpérience. Taub lui conseille un certain Mahmoud. Mais ce dernier refuse, jugeant la situation trop périlleuse.

Un fixeur trouvé via Facebook

Finalement, la veille de son départ pour la Syrie, Alex explique à Ben Taub avoir une autre méthode pour trouver un fixeur : il écrit des messages privés sur Facebook à une trentaine de Syriens, choisis pour leurs photos de profil laissant entendre qu'ils sont membre de la rébellion. Certains lui répondent, et il finit par obtenir une réponse satisfaisante. X, un fixeur local reconnu, d'après Taub, sera son guide. Alex l'annonce alors aux Syriens contactés sur Facebook, précisant qu'il travaillera finalement avec X.

Immédiatement, Ben Taub comprend le danger qui pèse sur son collègue. En annonçant à des Syriens inconnus les détails de son voyage à Alep le lendemain, le photographe canadien et son fixeur risquent potentiellement d'être enlevés. Taub apprend vite, par des contacts, que Alex et X sont effectivement surveillés. Il parvient alors à convaincre le Canadien de renoncer.

Steven Sotloff choisit le même fixeur 

Mais deux jours plus tard, le 1er août 2013, toujours à Kilis, Steven Sotloff vient demander à Taub ce qu'il pense de X, qu'il compte engager comme fixeur. Taub lui raconte la mésaventure d'Alex, et lui conseille à son tour de contacter Mahmoud, le fixeur qu'il connaît bien.

Le 5 août, une journaliste italienne demande à Taub s'il a eu des nouvelles de X, que sa femme recherche désespérément depuis qu'il est parti rencontrer un journaliste américain. Le lendemain, on apprend que Steven Sotloff et X ont été enlevés ensemble, le 4 août à Alep. Ben Taub avance depuis qu'il ne sait pas ce qui a poussé Sotloff à choisir X comme fixeur.

Fin août 2013, alors que l'enlèvement de Steven Sotloff est tenu secret, à la demande de sa famille, Ben Taub contacte Alex en lui demandant de livrer les noms de la trentaine de Syriens qu'il a contactés pour trouver un fixeur. L'un d'eux est peut-être un informateur des kidnappeurs de Sotloff et pourrait intéresser les enquêteurs américains. Mais Alex refuse et coupe toute relation avec le journaliste américain. Un an plus tard, l'Etat islamique a publié une vidéo de l'exécution de Steven Sotloff.

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