Terrorisme : la piste d'une filière tchétchène ?
Depuis l'attaque au couteau qui a fait un mort et quatre blessés samedi 12 mai en plein coeur de Paris, on parle beaucoup d'une filière tchétchène qui aurait alimenté les rangs du groupe État islamique. Qu'en est-il en France ?
Khamzat Azimov est arrivé en France à l'âge de trois ans, avec ses parents réfugiés politiques. Ils font partie de la communauté tchétchène qui a fui la guerre; combien sont-ils aujourd'hui en France ? "Ils sont une trentaine de milliers répertoriés, peut-être un peu plus, et dans l'ensemble, c'est une infime minorité, par rapport aux autres, d'origine tunisienne, marocaine, ou turque", d'après Farhad Khosrokhavar, spécialiste de l'Islam. Cette communauté tchétchène est notamment très présente en Alsace, 15 000 membres dans la région de Strasbourg (Bas-Rhin), mais elle est aussi implantée en région parisienne et dans le sud de la France. La plupart des familles ont fui les combats dans les années 1990 et 2000 entre les indépendantistes tchétchènes et l'armée russe.
"Entre 7 et 8%" impliqués dans des filières syro-irakiennes
Leur religion principale est l'Islam, et certains individus présents en France sont radicalisés. Les services de renseignement ont d'ailleurs ces dernières années démantelé plusieurs filières de combattants tchétchènes, prêts à rejoindre Daech. "La DGSI estime à à peu près entre 7 et 8% le nombre d'individus d'origine tchétchène qui sont impliqués depuis 2014 dans ces filières syro-irakiennes", rapporte Jean-Charles Brisard, président du centre d'analyse du terrorisme. "Donc il y a des foyers un peu partout, à Strasbourg, à Nice (Alpes-Maritimes), dans d'autres villes françaises".
Quels précédents, quels projets d'attentat ont été déjoués en France ? L'une des affaires les plus récentes met notamment en cause Clément Baur, arrêté à Marseille (Bouches-du-Rhône) en possession d'armes et d'explosifs, à la veille du premier tour de l'élection présidentielle de 2017. Il parlait russe et tchétchène. Ce Français qui se faisait passer pour un caucasien s'était converti à l'Islam au contact de membres de la communauté tchétchène des Alpes-Maritimes. En 2015, à Albi (Tarn) et Toulouse (Haute-Garonne), six hommes originaires de Tchétchénie sont eux interpellés, mis en examen puis écroués pour leur appartenance présumée à une filière de combattants jihadistes, suspectée de vouloir rejoindre la zone irako-syrienne, comme la plupart des Tchétchènes radicalisés interpellés sur le sol français ces dernières années.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.