Trois questions sur l'arsenal de guerre dont dispose l'Etat islamique
Selon un rapport d'Amnesty International, le groupe jihadiste a mis la main sur de nombreuses armes et véhicules blindés en Irak. Beaucoup viennent d'ailleurs des pays occidentaux.
Véhicules blindés, missiles guidés antichars, fusils d'assaut... Le groupe Etat islamique dispose d'un armement redoutable. Cet arsenal provient d'au moins 25 pays, dont la Russie, révèle Amnesty International, mardi 8 décembre. Francetv info revient sur les principales conclusions de ce rapport (PDF, en anglais) présenté par l'ONG.
De quelles armes dispose le groupe terroriste ?
Des experts ont analysé des milliers de vidéos et d'images vérifiées pour évaluer et identifier l'armement dont dispose le groupe Etat islamique. D'après Amnesty International, l'organisation terroriste dispose "de pistolets, d'armes de poing et d'autres armes de petit calibre, de mitrailleuses, d'armes antichars, de mortiers et d'artillerie". Elle a aussi des munitions en quantité.
"Parmi les armements sophistiqués de l'Etat islamique figurent des systèmes de défense antiaériens sol-air à très courte portée, des missiles guidés antichars et des véhicules blindés de combat, ainsi que des fusils d'assaut tels que les AK [kalachnikovs] russes et Bushmaster américains", ajoute l'ONG dans son rapport.
Les combattants du groupe jihadiste fabriquent en outre leur propre armement "dans des ateliers sommaires", selon Amnesty International. Il s'agit principalement de roquettes ou de grenades improvisées mais aussi "d'engins explosifs improvisés tels que des voitures et des objets piégés, et même de bombes à sous-munitions remaniées, une arme prohibée par le droit international", explique le document d'Amnesty.
Résultat : les opérations lancées par l'armée irakienne ou les combattants kurdes se heurtent à un important dispositif militaire. A Ramadi, dans l'ouest de l'Irak, les jihadistes disposent ainsi de "plus de cent véhicules de combat blindés, y compris des chars". Selon le rapport d'Amnesty International, le groupe terroriste aurait en outre pu équiper trois divisions d'une armée conventionnelle, soit 40 000 à 50 000 soldats, uniquement avec les armes saisies en juin 2014.
Comment l'Etat islamique s'est-il procuré cet arsenal ?
Les jihadistes ont mis la main sur un nombre conséquent d'armes lors de la prise de Mossoul, en Irak, en juin 2014. "Les combattants se sont emparés dans les stocks irakiens de tout un arsenal d'armes de fabrication internationale (...) qui leur ont servi à prendre le contrôle d'autres régions du pays, avec des conséquences dévastatices pour la population civile", rapporte Amnesty International. L'Etat islamique a également saisi des armements lorsqu'il a pris le contrôle de bases de l'armée et de la police en Irak, à Falloujah, Ramadi et Tikrit par exemple, ou encore en Syrie.
Comment les jihadistes de l'Etat islamique ont-ils pu constituer un tel arsenal et se procurer des armements si sophistiqués ? "Une mauvaise réglementation couplée à une absence de surveillance des énormes flux d'armes [en Irak] depuis plusieurs décennies ont été une aubaine pour l'Etat islamique et d'autres groupes armés", répond Amnesty International. Les stocks de l'armée irakienne ont fortement augmenté durant la guerre avec l'Iran, entre 1980 et 1988. Le pays a ensuite bénéficié d'une importante importation d'armements après l'invasion par la coalition menée par les Etats-Unis, en 2003.
D'où viennent ces armes ?
L'arsenal de l'Etat islamique provient ainsi de 25 pays différents, dont les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU. La plupart de ces armes ont été pillées dans les stocks de l'armée irakienne ou achetées à des militaires peu regardants. "Les contrôles bredouillants des stocks militaires et la corruption endémique des gouvernements qui se sont succédé à la tête de l'Irak [après le départ des Américains] n'ont fait qu'aggraver le problème", déplore Amnesty International dans son rapport.
L'ONG appelle donc tous les Etats à adopter "un embargo total sur les armes destinées aux forces gouvernementales syriennes" et à évaluer "rigoureusement les risques" avant d'exporter de l'armement vers l'Irak. "Les conséquences des transferts irresponsables d'armes vers l'Irak et la Syrie, et le fait que l'Etat islamique se soit emparé de tout un arsenal, doivent servir d'avertissement aux exportateurs d'armes du monde entier", conclut Patrick Wilcken, qui a dirigé ces recherches.
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